Sur la base de ses deux courts-métrages, le cinéaste Mark Christopher persuade les frères Weinstein, alors grands manitous de Miramax et Dimension, de produire un long-métrage revenant sur l'histoire du Studio 54, mythique boîte de nuit new-yorkaise des 70's. Flairant le hit de l'été, les Weinstein acceptent tout en imposant leurs conditions, dont la présence de Neve Campbell, populaire chez les ado depuis le carton de Scream et de la série La vie à cinq. Face à des projections-test négatives, les producteurs obligeront le metteur de scène à couper plus d'une demie heure de son film et commanderont de nouvelles séquences. Le produit fini sera un flop aussi bien artistique que commercial.


Présentée au festival de Berlin en février 2015, cette director's cut permet enfin de découvrir 54 comme son créateur l'avait souhaité à l'origine, la nouvelle copie incluant les séquences sabrées au montage (certaines malheureusement en très mauvais état) tout en évacuant la majorité des reshoots, pour une durée supérieure à la version vue en salles mais inférieure au montage initial.


Plus fluide, moins artificiel et plus sulfureux, le film de Mark Christopher y gagne forcément au change, même s'il ne faut pas s'attendre à (re)découvrir un grand film mutilé. Les défauts du film sont toujours bien présents, à savoir une mise en scène un peu plate, un scénario basique et un ton légèrement moraliste.


Mais il émane désormais de 54 une certaine sympathie, une fascination pour son sujet le rendant intéressant. Le film devient d'ailleurs bien plus troublant et attachant, notamment dans son triangle amoureux (largement atténué à sa sortie en salles) et dans la relation entre son jeune héros et une mamie reine de la nuit, magnifiquement campée par Ellen Albertini Dow, responsable de la séquence la plus émouvante du film et scandaleusement nommée aux Razzie Awards.


Ce nouveau montage permet du même coup à son casting de briller davantage que sa version tronquée qui sabordait la majeure partie de leurs scènes. Si Neve Campbell est toujours aussi inutile, Breckin Meyer et surtout un Mike Myers méconnaissable sortent sacrément grandis de ce nouveau montage. Déjà favorisés dans la version cinéma, Ryan Philippe et Salma Hayek font le boulot et gagnent un peu en profondeur malgré des rôles un brin schématiques.


Ne sortant jamais des sentiers et battus et souffrant d'un script conventionnel, 54 n'est toujours pas un grand film mais gagne à être (re)vu dans sa director's cut, plus proche des intentions initiales que l'ancien montage saccagé par les ogres Weinstein.

Gand-Alf
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le 25 juin 2015

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