"Submarine" fait partie de ces quelques ovnis qui nous parviennent par le bouche-à-oreille, & dont tout le monde finit par parler (je me souviens encore d'une procédure similaire pour le film "Mysterious Skin"). Il s'agit pour moi d'un énorme coup de coeur.

Premièrement, toute la philosophie de la pensée du personnage central qu'est Oliver : la voix-off transcrivant ce qu'il se dit à lui-même est pour beaucoup de personnes un signe faussant le caractère d'un jeune adolescent ne pouvant pas exprimer dans l'immédiat ce genre de vocabulaire pour extérioriser ses sentiments. Or, je pense que beaucoup d'entre nous, humains, pensons de la sorte, nous faisons à nous-mêmes des anecdotes, à la différence près que nous ne ressentons pas la neutralité dont est atteint Oliver. Un tel cynisme, une si belle poésie de la réflexion, à travers les évènements premiers de la vie du jeune homme (question de la virginité, séparation des parents) émeut. Le personnage est donc très attachant, dans le sens où il semble être un modèle à suivre pour toute enfance supposée ratée : une sorte de surélévation du statut d'adolescent au rang de grand penseur connaissant la vie sur le bout des doigts.
Que dire des acteurs ? Pour la plupart des enfants, ils sont tous très bons, voire excellents, les situations amusantes & les quiproquos sont nombreux. Les relations qu'ils entretiennent entre eux sont plus que correctement ficelées, & d'aucun d'entre eux ne semble se dégager un air de fausseté. Les parents d'Oliver sont tellement "vrais".
Pour l'aspect technique, j'ai été plusieurs fois époustouflé : d'une, par la qualité de l'image, se voulant à la fois très moderne dans une certaine forme artistique, & d'autre part, assez vieille, afin de rendre le côté nostalgique plus intense (noir&blanc). De deux, par des plans absolument parfaits, l'enchaînement des séquences est méticuleux, & quelques moments plein de légèreté & de poésie sont filmés d'une manière très originale (cf la scène du baiser, en silence, la caméra créant un effet de tournis vertigineux autour du couple). Les paysages sont somptueux, les gros plans laissent rêveur.
Enfin, puisque tout le monde ne parle que de ça à propos de ce film, j'admire la prestation d'Alex Turner, dont le talent est indéniable, comme toujours.

"Submarine" est donc un immanquable de cette année, qui ne laisse pas indemne : de forme humoristique aux premiers abords, les problèmes s'accumulent, & la mélancolie profonde d'Oliver finit par peser sur l'esprit du spectateur. Une perle.
Satané
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 3 nov. 2011

Critique lue 672 fois

7 j'aime

Satané

Écrit par

Critique lue 672 fois

7

D'autres avis sur Submarine

Submarine
Gand-Alf
8

Everything is illuminated.

Ayant eu une adolescence absolument merdique (bah ouais, FaceBook n'existait pas encore), je me régale comme un vrai petit sadique devant chaque film montrant ce moment charnière dans la vie d'un...

le 3 févr. 2014

36 j'aime

2

Submarine
Holly_Golightly
4

Oui, mais...

On ne peut nier qu'il y a un vrai univers dans ce film. Lorsque ça commence, on passe son temps à sourire, l'humour est très anglais et c'est tant mieux et les situations complètement timbrées et...

le 26 juil. 2011

30 j'aime

1

Submarine
Filmosaure
8

Photo vieillie, nostalgie

Submarine, c'est le genre de petit bijou que l'on voit un peu par hasard car il ne bénéficie pas de la promotion accordée à des block-busters décérébrants (tel Transformers 3, au hasard). Sans...

le 29 juil. 2011

28 j'aime

Du même critique

Utopia
Satané
4

Légère déception

Si les premiers instants de la série "Utopia" étaient surprenants & d'une authenticité indéniable, il ne lui a cependant pas fallu très longtemps pour déchanter. S'étalant sur six malheureux...

le 21 févr. 2013

51 j'aime

8

Elephant
Satané
4

Cinéma indépendant : expérimentation ou fainéantise ?

C'est ce que je me demande. Ce film est chiant. Même s'il dure à peine plus d'une heure, on s'ennuie, on est las dès le début, car chaque scène est très lente. Heureusement qu'on n'est pas devant un...

le 11 sept. 2011

41 j'aime

12

Pokémon Green
Satané
10

Ma toute première prise de drogue

"Pokemon Green" n'est pas le premier jeu-vidéo auquel j'ai joué, mais il s'agit quand même de mon initiateur au monde geek. Je suis né en 1991, & à l'époque, j'habitais dans le Pas-de-Calais. Entre...

le 30 août 2011

38 j'aime

11