Sucker Punch… Selon moi, LE film de 2011. Je pensais avoir écris une critique dessus mais visiblement pas, j'en ai en fait beaucoup parlé sur différents forums et autour de moi mais je n'ai rien couché par écrit. Ce à quoi que je vais remédier...

Par contre attention, mon avis contient également une libre interprétation, mon interprétation, donc des spoilers seront sans aucun doute de la partie !! Si vous n'avez pas vu le film ou si vous avez trouvé le film nul comme la plupart des critiques professionnels qui y ont vu "une oeuvre décérébré, sans scénario, taillé pour les geeks qui veulent voir des filles en courtes tenues se battre comme dans des jeux vidéo", lisez aussi ce qui suit. Ca pourrait vous donner une autre vision du film.

Tout d'abord, Sucker Punch de Zack Snyder est selon moi l'Inception de Christopher Nolan. Ces films sont très très proches pour une raison principale : ils traitent de rêves. Bon, c'est mince me direz-vous, mais la suite vous montrera qu'ils partages plus de points communs qu'il n'y paraît. Si dans le film de Christopher Nolan, c'est explicitement dit et montré via la dream machine, c'est beaucoup plus subtil que ça dans le film de Zack Synder. Pire même, si Christopher Nolan propose 2 visions alternatives (voir ma critique sur Inception pour ça), Zack Snyder en propose une multitude. Chaque indice, chaque regard échangé, chaque réplique donnent l'impression de ne pas être là au hasard et donne de l'eau au moulin de celui qui l'interprète. Cependant, en contradiction avec ça, il insiste sur certains points de manière assez forte (pour ne pas dire "lourde") quand on arrive à les repérer pour appuyer son scénario.


On est donc très loin du film décérébré visuel de scènes d'actions fantaisistes juste pour en mettre plein la vue (je sais, j'insiste lourdement sur ce point, et pourtant croyez-moi, les films d'actions décérébrés avec le scénario qui tient sur un post-it, c'est plutôt mon trip ! Oui, je l'avoue, papa, maman, si vous lisez ces lignes, pardon mais j'ai adoré G.I. Joe et je considère pas si mal les 2 Batman de Schumacher quand j'ai compris ce qu'il a cherché à faire... mais ça fera peut-être l'objet d'un prochain avis).


Vous l'aurez compris, j'ai non seulement été conquis par ce film que je rapproche d'inception, mais je pense qu'avec Inception, ils sont le point de départ logique de la collaboration des 2 réalisateurs sur le prochain Superman.


C'est pour toutes ces raisons que plus qu'une critique, mes prochaines lignes seront surtout ma propre interprétation de l'histoire, qui fourmillent de détails parfois très délicat à relever mais qui permet au film de ne pas perdre en intensité malgré de multiples visionnages.


Une dernière fois, si vous ne voulez pas vous faire spoiler le film, c'est le moment d'arrêter de lire. Ce qui suit en contient forcément, puisque je me servirai d'éléments du film pour étayer mes dires et tous les éléments importants y passeront (de l'introduction au final en passant par les scènes clefs).

Alors, si vous êtes encore là, c'est soit que vous avez déjà vu le film et que vous n'avez rien compris, soit que vous n'avez pas vu le film parce que vous sentiez que vous alliez que trop comprendre, soit parce que ce soir, il y a votre nana qui regarde Top Chef et de toute façon, entre mon avis et Top Chef... Bon, ok, bon Top Chef !


Pour les autre, je continue en plaçant déjà le contexte. Il faut comprendre qu'il y a 3 niveaux superposés un peu à la manière d'inception où ils s'enfoncent de plus en plus dans les rêves. Ces 3 niveaux sont :

- la réalité : présenté au début et à la fin. Babydoll perd sa mère, tue sa soeur en voulant la protéger du viol par son beau père et est enfermé à l'asile. Son beau-père s'arrange pour une lobotomie moyennant finance et elle est emmenée au théâtre où elle voit sur scène Sweat Pea. La VRAIE Sweat Pea. Ensuite, elle est sur la chaise prête pour la lobotomie et, flashback, nous revenons 5 jours en arrière via une transition qui veut déjà dire beaucoup : Sweat Pea, sur scène, avec une perruque ressemblant fort aux cheveux de BabyDoll... Cette transition est faite via un fort parallèle entre BabyDoll et Sweet Pea. J'insiste sur ce fait (qui prendra tout son sens dans la suite de mon explication), car à ce moment, nous basculons dans la 1ère strate de rêve.

- 1ère strate de rêve : le cabaret (ou plutôt la maison close), géré par celui qui gère l'asile. Le HighRoller, qui dans la réalité est censé être le docuteur qui va la lobotomiser, doit venir ici dans 5 jours pour lui faire perdre sa virginité. Ce premier "décallage" réalité / sexe est important pour la suite.

- 2nde strate de rêve : les scènes d'actions, qui correspondent au moment où elle danse "pour occuper certaines personnes". Cette 2nde strate est nécessaire de part le traumatisme subit dans la vie réelle car c'est là qu'intervient le véritable décallage réalité / sexe dont je parlais plus haut : je pense que ces scènes de danse de la seconde strate sont en fait des scènes de viol dans la réalité, qu'elle s'auto-inflige pour occuper l'attention, pendant que les autres récupèrent les objets nécessaires à leur évasion (on ne voit jamais ces "danses" mais elles ont l'air d'être éprouvantes pour elle et Sweet Pea en parle comme d'un acte sexuel : "il ne suffit pas d'onduler en poussant des gémissements...").



Tous ces mondes de rêve sont clairement indiqués par Zack Snyder au cours du film : le film s'ouvre sur un lever de rideau, indiquant clairement que l'on va assisté à une représentation donc qu'il y aura une part de rêve (on retrouve cette idée dans l'asile, sous la forme de ce qu'ils appellent "le théatre", indiquant clairement une nouvelle mise en abime).

Ensuite, il y a la musique d'introduction : le film d'ouvre sur Sweet Dreams are made of this. Alors là, ça n'est plus un indice, le réalisateur hurle à l'oreille de celui qui vient bien écouter la part que va prendre le rêve dans son film, et même que les "sweet dreams are made of this".

Enfin, il y a le poster, dans la loge des artistes du cabaret (1ère strate) : "my dream is yours" (http://www.imdb.com/title/tt0041671/), qui rappelle à nouveau la notion de rêve mais qui va un peu plus loin que ça (je reviendrai dessus ultérieurement).


Maintenant, les personnages. On s'enfonce dans la complexititude compliquée de la complexité...

- Déjà, je vais passer sur les personnages secondaires car ils prouvent quelque chose d'important : le beau-père qui passe de beau-père (réalité) à curé (1ère strate), le manager de l'asile (réalité) à proxénète (1ère strate), Dr Gorski (réalité) qui devient la responsable des danseuses prostituées (1ère strate), le cuisinier (réalité) qui reste cuisinier (1ère strate), et ainsi de suite... chacun des personnages réels trouvent une place dans le monde imaginé par BabyDoll.

Puis les personnages principaux (les 5 filles), qui ne sont que des morceaux de l'esprit de BabyDoll. Enfin, pas que, mais je vais me clarifier :

- BabyDoll ne reste pas elle-même dans la 1ère strate, elle devient la partie de son esprit prédominant : la tristesse, d'avoir perdue sa mère, la culpabilité, d'avoir tué sa soeur pour la sauver d'un viol (d'ailleurs, dans cette 1ère strate, son premier acte héroïque sera de sauver Rocket d'un viol du cuisinier, tiens donc...). Elle est la représentation la plus fidèle de son état d'esprit actuel, qui cherche la rédemption, la paix intérieure et surtout la force de se pardonner. Je pense que c'est pour ça qu'elle conserve son propre visage.

- Sweet Pea, que l'on apperçoit à peine sur la scène du théatre dans la réalité. Elle devient dans la 1ère strate la leader du show, la partie "forte et combatrice" de son esprit. En fait, c'est cette partie de l'esprit, donc cette fille qui est l'héroïne. Le film s'ouvre et se termine sur sa voix off. Le poster "my dream is yours" est clairement un indice disant que ça n'est pas l'histoire de BabyDoll que l'on suit, mais celle de Sweet Pea. Et puis 2 dialogues qui enfoncent le clou, pour bien faire passer le message au spectateur

o Dans la première strate de rêve, lorsqu'on voit Sweet Pea discuter avec Mde Gorski, elle lui dit "c'est moi la star du show"

o La transition entre la réalité et la 1ère strate qui fait passer de BabyDoll à Sweat Pea, sur scène, avec une perruque ressemblant fort aux cheveux de BabyDoll...

o A la fin, lorsque BabyDoll comprend le 5ème objet mystère, elle lui dit : "ça n'est pas mon histoire, c'est la tienne. Ca a toujours été toi la plus forte, vis pour nous 5".

o Toujours à la fin, lorsque BabyDoll a été lobotomisée, on ne voit pas son visage sur une longue scène, pendant plusieurs minutes. Jusqu'à se demander si c'est bien elle, rappelant la scène de transition dont je parle plus haut et où la perruque nous fait croire d'abord à BabyDoll avant de découvrir le visage de Sweet Pea.


Alors, ce qui suit est encore plus étonnant, mais les 3 autres personnages ne seront jamais vu dans le monde réel. Comme je le disais plus haut, chacun des personnages réels trouvent une place dans le monde imaginé par BabyDoll, donc on peut penser légitimement qu'elles ont vraiment travaillé en équipe et que Blondie, Rocket et Amber existent dans le monde réel, mais nous ne les verrons qu'au travers du rêve de BabyDoll et donc comme "morceaux" de l'esprit de BabyDoll :

- Blondie, qui représente la beauté de BabyDoll mais aussi ses faiblesses : c'est la première à craquer et à dénoncer le plan, elle est clairement la plus faible des 5.

- Amber, qui représente le côté débrouillard de BabyDoll : c'et elle qui pilote tous les engins dans les secondes strates de rêve.

- Rocket, soeur de Sweet Pea, qui représente la soeur morte de BabyDoll (d'où le sauvetage de la scène de viol par le cuisinier dont je parlais plus haut). Si BabyDoll n'arrive pas à surmonter la perte de sa soeur, Sweet Pea y arrivera.


GROS SPOILER ici (quoi que j'en ai déjà fait pas mal) : ces 3 dernières meurent dans la 1ère strate (Rocket meurt même aussi dans la 2nde strate tellement sa mort a de l'impact sur BabyDoll, un peu comme les scènes de viol qui la font aller dans cette seconde strate pour se protéger, puisque Rocket représente la soeur). Mais ce sont les morceaux les plus faibles de l'esprit de BabyDoll qui sont éliminés de l'équation.

Dans le monde réel, rien n'indique qu'elles meurent, au contraire. On voit que des dégats dans l'asile ont été provoqués selon le plan de la première strate de Babydoll (le cuisinier à qui il manque un couteau, une partie du bâtiment qui a brûlé, le personnage d'Oscar Isaac -Blue Jones- qui a été poignardé) mais Mde Gorski dit "elle a causé de sacrés dégats et a même permis à l'une d'elle de s'échapper". Elle ne mentionne donc pas la mort de 3 personnes, qui aurait eu plus de sens que l'évasion d'une d'entre elles. De là à penser que celle qui a pu s'échapper est la réelle Sweat Pea au prix du "sacrifice" des 4 autres qui n'ont pas pu s'échapper, c'est possible, et le message de sa soeur Rocket a sa mère vaut aussi peut-être dans le monde réel, mais là-dessus, aucune certitude. J'aime cette idée car elle me paraît dans le prolongement de ce qu'a voulu montrer Zack Snyder : Sweet Pea a eu l'occasion de s'échapper, mais pas les 4 autres. Et plus exactement, BabyDoll était arrivée aussi loin que Sweet Pea mais a dû se sacrifier pour que Sweet Pea s'échappe, sachant la lobotomie qui l'attendait (j'explique ce qui me fait penser à ce choix volontaire un peu plus loin, lorsque je parle du HighRoller). Mais nous ne verrons rien de plus du monde réel qui permettra de confirmer ou d'infirmer mes dires.


Enfin, j'aimerai m'attarder sur la notion "biblique" de l'histoire :

- la notion d'ange dont Sweet Pea parle en voix off au début, pouvant prendre l'apparence

o de jeune fille (BabyDoll), au sens figuré bien sur puisqu'elle va l'aider à s'échapper réellement de l'asile, mais aussi au sens littéral, puis qu'elle permet aussi à Sweet Pea de s'échapper dans la première strate.

o de vieillard (le "maître" que l'on voit appaaraître dans chacune des scènes de seconde strate), donc au sens littéral ici (c'est véritablement un ange qui initie BabyDoll à se battre et qui les suit sur toutes les missions). Il commence par lui demander ce qu'elle cherche, elle dit qu'elle ne sait pas, s'échapper par exemple, il lui repose la question et elle lui répond clairement : la liberté. Il lui énonce ce dont elle aura besoin pour mener à bien sa mission et faire de son combat une victoire complète.

o et même de créatures comme des dragons, référence direct à la scène de la seconde strate de rêve où BabyDoll a pour mission de récupérer des pierres dans la gorge d'un dragon, lui permettant de cracher du feu en les frottant l'une contre l'autre. De manière littérale, ce dragon est un ange qui permet à BabyDoll de récupérer "le feu sacré", de comprendre la phrase que Mde Gorsky lui dit dans la première strate, lors de sa première danse : "tu as toutes les armes, alors bats toi". Phrase qui sera répétée par Sweet Pea à destination du spectateur en fin de film. Elle trouve la force de se battre, de tenir tête à Blue Jones et de comprendre ce que la victoire totale veut dire.


- la notion de paradis. Au delà du fait qu'elle doit sans doute imaginer sa mère et sa soeur mortes au paradis, et donc considérer ce lieu comme l'unique endroit pour les retrouver, cette notion est évoquée à plusieurs reprises.

o par Blue Jones, quand il parle à son beau-père de la lobotomie, qu'elle sera "comme au paradis"

o par la scène finale du bus (se passant dans la première strate) emmenant Sweet Pea vers le Paradise Diner (emmenant donc la partie de l'esprit la plus forte de BabyDoll vers là où elle veut aller).


Au final, la victoire de BabyDoll dans le monde réel est totale : c'est la partie la plus forte de son esprit qui s'en est sortie, matérialisée par Sweet Pea, elle réussit à surmonter la mort de sa mère et le fait d'être la cause de la mort de sa soeur (par l'intermédiaire de Sweet Pea et de Rocket) et elle est en route vers le paradis grâce à la lobotomie, où elle va pouvoir retrouver sa famille (le dernier message de Rocket à sa soeur, Sweet Pea, lui demandant d'embrasser sa mère en rentrant chez elle, prend alors un autre sens dans cette première strate : BabyDoll est persuadée que sa famille et sa maison l'attendent dans ce paradis, ce qui confirme ce que je supposais plus haut).


Pour conclure en apothéose, tout ceci explique la réaction du docteur qui vient la lobotomiser, qui est étonné (voir choqué) par son regard qui avait l'air de lui demander de le faire. C'est parce qu'elle lui demande réellement de le faire. D'ailleurs, une scène est présente dans la version longue seulement visible en VOST et non dans la version courte, scène qui se passe dans la première strate où le docteur est le High Roller censé venir lui prendre sa virginité et qui au final se révèle comme un homme gentil, doux, un parfait gentleman. Il est clairement présenté comme un (voir même le) libérateur. Dommage que cette scène ne soit pas dans la version finale, car elle permet de mettre un terme à l'histoire et par la même, un terme à mon interprétation du film.


Voilà, si vous êtes encore là, j'espère que vous aurez appréciés mon interprétation et que vous (re)verrez le film d'une façon différente. En tout cas, si vous êtes encore là pour avoir éviter Top Chef, je crains que quelques heures de cuisines soient encore devant vous ! Alors bon courage !


Ceci-dit, si vous voulez lire une autre interpréttion du film (quoi que certaines choses se recoupent un peu), je ne saurai que trop vous conseiller de lire l'avis suivant : http://anges-sucker-punch.over-blog.fr/

Vraiment intéressant et interprétation plus "métaphysique" dirai-je.

Avec ça, vous avez toutes les armes, alors à vous de vous faire votre propre interprétation.

Créée

le 26 sept. 2014

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