Né de l'esprit de Steve Shibuya et de Zack Snyder, décrit comme étant un « Alice au pays des merveilles avec des flingues », « Sucker Punch » raconte l'histoire de Babydoll, une adolescente internée contre son gré dans un hôpital psychiatrique après la mort de ses parents. Son imagination débordante lui permet de s'évader et de vivre des aventures extraordinaires, toujours à la frontière entre rêve et réalité. Pour le plaisir de ces messieurs, Babydoll entrainera quatre autres filles dans sa quête de liberté sous acide : Blondie, Rocket, Amber et Sweet Pea, toutes plus pulpeuses et dénudées les unes que les autres (pour le coup, elles semblent plutôt sorties d'une imagination masculine).

Il y a plus d'une année, à la vue des premières images du film qui avaient fait le buzz sur internet, nous vous le disions déjà : « Sucker Punch » sera soit un cocktail explosif et instantanément culte, soit du grand n'importe quoi tout droit sorti de l'esprit d'un adolescent attardé. Et bien, mesdames et messieurs, nous avons le regret de vous annoncer qu'il s'agit bien d'un immense ratage qui fera date.

« Sucker Punch » avait tous les ingrédients pour se mettre toute une génération nourrie aux jeux vidéo dans la poche : des filles, des flingues, des dragons, des militaires allemands, des orcs et des samouraïs. Et pourtant, Zack Snyder nous sert son film le plus indigeste. Faut-il y voir un lien avec le fait qu'il s'agit là de son premier projet original ?

Snyder ne tient aucune de ses promesses. La structure narrative saccage l'univers qu'il annonçait comme étant incroyablement riche. Le tout étant fragmenté en une suite exténuante de clips plus moches les uns que les autres, le réalisateur esquive lâchement le défi de l'ultime cross over dont nous rêvions.
Bons princes, nous étions encore prêts à nous satisfaire de cette construction, vulgaire pastiche de l'enchainement des « levels » vidéo ludiques. Mais quand vous ajoutez à ça un visuel putassier, une photographie enlaidie par un tout numérique à vomir et des scènes d'action toutes gâchées par l'obsession puérile de Snyder pour le ralenti ; l'addition commence à être salée.
Le fait est que Zack Snyder ne sait pas filmer une scène de baston. Cet ancien clipper contourne alors ses lacunes en nous balançant des bullet time à tout-va, jusqu'aux limites du supportable (la scène dans le train est tout bonnement scandaleuse, tout comme ce prologue entièrement passé au ralenti et d'une laideur sans nom).

Oubliez la potentielle déclaration d'amour à l'imagination libératrice que contenait le scénario. Ici, l'évasion mentale n'est qu'un prétexte pour nous servir une bouillie, un attrape-nigaud à gothopouf et à gros beaufs. Les premières étant sensées se reconnaître dans l'une des cinq potiches, les seconds sensés baver devant leur plastique, généreusement exposée pendant près de deux heures.

A peine sorti et déjà ringard, « Sucker Punch » n'est même pas digne des graphismes et des dialogues d'un mauvais jeu de Playstation 2. Et dire qu'on a confié la direction du prochain Superman à ce monsieur...
Cygurd
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le 5 avr. 2011

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Film Exposure

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