Délire fantasmagorique. Voilà ce qu'est Sucker Punch. Après s'être fait la main sur 300 et Watchmen, Zack Snyder a manifestement décidé de se lâcher avec son dernier film. Trop peut-être, car le cinéaste américain donne le sentiment de vouloir recracher toute la pop culture qu'il a emmagasinée au fil des années. Exercice délicat, car le format est limité : moins de deux heures. Résultat, on se retrouve avec un film morcelé en différentes parties pratiquement indépendantes les unes des autres. C'est finalement grâce au personnage de Baby Doll - véritable fil conducteur de l'histoire - que le réalisateur parvient à les ficeler entre elles, tant bien que mal.
Sucker Punch est définitivement un OVNI (Objet Vidéo Non Identifiable). Surfant sur le principe d'Inception de Christopher Nolan, Zack Snyder sert un film dans lequel Baby Doll est capable de rentrer dans une autre réalité grâce à la danse. Alors qu'Inception s'appuie sur les rêves, Sucker Punch mise sur l'imagination. Baby Doll peut ainsi se plonger sans risque dans des aventures toutes plus inattendues les unes que les autres. Au nombre de quatre, elles nous conduisent dans un Japon féodal peuplé de samouraïs gigantesques, au cœur d'une bataille médiévale, dans des tranchées de la seconde guerre mondiale et même dans un futur improbable.
D'aucuns diront sans doute que le film est ni plus ni moins une sorte de jeu vidéo. Sans doute. Car il faut bien reconnaitre que ces différentes péripéties ressemblent à de véritables niveaux à franchir. Le film est en tout cas structuré ainsi. Plus l'histoire progresse, plus les difficultés s'amoncellent. Nos cinq héroïnes parviendront-elles à s'échapper de l'enfer dans lequel elles sont enfermées ? Rien n'est moins sûr. En tout cas, elles doivent voler quatre objets pour réussir leur tentative d'évasion. Vous l'aurez compris, pour obtenir chaque item il faut réussir à terminer chaque niveau... plus facile à dire qu'à faire !
Sucker Punch, un film de geeks ? Certainement. Difficile de savoir si Zack Snyder a sciemment tissé des références tout au long du film, mais le film donne le sentiment qu'il a voulu brasser large. Le passionné de culture nippone sera en tout cas servi. Sucker Punch nous livre l'habituel fétichisme de l'adolescente habillée en archétype de la lycéenne japonaise sexy. Coiffée de petites couettes blondes et vêtue dans une sorte de marinière (sailor fuku) qui a opportunément rétrécie, Baby Doll est bien sûr armée d'un long katana offert par une sorte de vieillard aux airs d'énigmatique maître bouddhiste.
Des références au genre steampunk sont également visibles dans le film, lors de la bataille contre les nazis. On distingue très clairement des dirigeables dans le ciel et les héroïnes n'affrontent-elles pas des soldats nazis morts-vivants se servant de la technologie vapeur pour s'animer ? Par ailleurs, l'amateur d'heroic fantasy trouvera son compte avec le fameux siège de la citadelle. À la croisée de World of Warcraft et du Seigneur des Anneaux, Sucker Punch nous plonge dans une bataille opposant des chevaliers humains à des espèces d'orcs. Bien sûr, le tableau ne serait pas complet sans l'inévitable dragon.
Reste que le film a beau être chargé, on n'en demeure pas moins déçu à la fin de la projection. À vouloir faire plaisir à chacun, Zack Snyder a fini par égarer tout le monde. Les différentes histoires imbriquées les unes dans les autres, le prologue sous forme de clip musical, les combats aux airs de cinématiques de jeu vidéo... certes, les séquences d'action sont bien menées, le casting est pour le moins alléchant et la bande sonore attrayante. Mais il ne suffit pas de polir le film pour combler le spectateur. Il faut aussi le nourrir avec un scénario digne de son nom. Et s'entourer d'acteurs et d'actrices capables de jouer vraiment. Sans parler de l'épilogue. Assez médiocre, on s'en serait franchement bien passé.
