Si vertige il y a, c’est celui d’un amour interdit, prohibé par les bonnes mœurs, qui trouve sa satisfaction dans la jouissance du corps inerte que l’on peut, à notre guise, posséder, déshabiller puis revêtir : ainsi les préliminaires s’effectuent-ils à distance, entre ces deux voitures que la plan embrasse comme ses deux polarités entre lesquelles le vide. L’homme marche sur un fil, le fil de ses désirs qui prennent le pas sur la réalité au gré des fondus enchaînés faisant cohabiter, l’espace d’un instant, deux images. Tout réside dans l’œil bleu tranchant de James Stewart qui vient lire dans les yeux de Kim Novak la déformation infinie de sa soif d’idéal, au risque de changer la femme remplaçante en poupée qu’il convient d’habiller pour ramener la morte à la vie ; réalité et fiction tournent, valsent dans une danse sans fin que le générique illustre déjà. Construction d’une passion brûlante, consommation dans la noyade et reconstruction, par l’artifice, de la jouissance perdue. Tout cela détenu derrière une image a priori dénuée de tout reproche moral. Il fallait un maître pour y arriver. Avec Hitchcock, c’est chose faite.

Fêtons_le_cinéma
10

Créée

le 7 janv. 2019

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