Road-movie éclatant

Premier film réellement tourné pour le cinéma de Steven Spielberg que ce Sugarland Express.Après la réussite de Duel, les studios font confiance au jeune réalisateur qui s'attaque à un road-movie basé d'une histoire vraie. Pour le coup, le cinéaste aura même droit à environ 150 voitures de police pour tourner cette oeuvre.

Dès cette oeuvre, on retrouve le thème que Spielberg chérira toujours et qui est celui de la famille. Dans ce cas, c'est celle d'un jeune couple, un peu ratés, mais surtout complètement insouciants qui a eu affaire avec la justice. Les deux ont un casier judiciaire et un passé de taulard pour des bêtises plus que pour de la méchanceté. Mais suite à ces démêlés, la garde de leur jeune fils leur est retirée et il est placé en famille d'accueil.

Suite à cela, nos deux tourtereaux kidnappent un policier et traversent alors tout l'état du Texas dans le but de retrouver leur fils. Il y a énormément d'humanité dans la manière dont Spielberg va filmer ces deux personnages. Il n'y a aucun jugement de valeur porté et on sent une volonté d'être touchant tout en étant juste.

C'est évidemment leur périple qui est moqué à travers des séquences des courses-poursuites au ralenti, à faible allure, etc. Il y a une ironie importante et une vision déjà critique sur l'Amérique. En vrac, le cinéaste estime ridicule cette propension à faire des criminels des héros, une foi aveugle aux armes à feu (les policiers prêt à abattre les deux jeunes alors que tout n'a pas encore été tenté) ou encore des fous de la gâchette prêts à tout abattre, même l'otage. Les armes à feu et le pouvoir de celles-ci y sont bien dénoncées.

Au fur et à mesure du périple, on constate aussi un film qui va perdre de sa légèreté pour devenir de plus en plus grave. L'insouciance se perd d'un côté, les manipulations de la jeune femme prête à tout pour récupérer son enfant ne seront pas sans conséquences. On sent que certains n'en reviendront pas. A noter que le film est magnifié par une photographie sublime. Quelques plans restent en mémoire.

Le casting est impeccable. Spielberg réalise avec ce film un road-movie complètement sous-estimé et pourtant déjà très complet.