Show must go home
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le 2 août 2016
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Une semaine bien tassée après le visionnage, Suicide Squad - qui m'avait lesté d'une déception molle face à tant de vide à la sortie de salle - s'est complètement évaporé. C'est peut être ça le plus tragique. Suicide Squad aurait pu être mauvais, en proposant une approche clivante ratée, en déclenchant la rage de fan(atique)s face à des personnages malmenés... Me concernant, ce n'est pas ça qui m'a déplu (et pourtant, Deadshot contractuellement remodelé en gentil papounet par Will Smith, ça fait mal).
Ce qui m'a déplu, c'est sa triste prévisibilité d'échec industriel. Dans la continuité de Batman vs Superman, DC s'entête à vouloir construire à marche forcée un univers partagé capable de brasser toujours plus de personnages... Bref, singer Marvel. C'est tellement dur de ne pas comparer. D'autant plus dur quand on lit ça et là ce qu'a subi David Ayer pour tenir des délais (six semaines pour écrire son scénario, un montage du studio retenu contre le sien, etc) et s'inscrire dans un "esprit DC" qui peine, voire se refuse à se construire indépendamment de son concurrent (ouh l'humour forcé qui tombe à plat SYSTÉMATIQUEMENT dans cet opus...).
Ce qui en résulte, c'est un casting de personnages présentés avec une fainéantise rare (mais cool parce que fluo je présume) et surtout sans affect ; une "équipe" à la complicité forcée risible qui se résume à deux personnages (Deadshot 60% de présence ; Harley Quinn 30%) et des figurants de vilains (5%), un Joker qui passe par là sans faire avancer l'intrigue, un montage épileptique (jusqu'à quatre monteurs se seraient succédés sur ce qui était déjà une dépouille), des emprunts musicaux à côté de la plaque pour une BO fade, un vilain-pas-beau-boss-de-fin-de-niveau tellement pas adaptée à la Suicide Squad... Ah oui, Suicide Squad devait être PG-13 pour ratisser large et se rembourser en un weekend, donc n'espérez pas voir une équipe de vilains.
Il n'empêche, j'ai vraiment eu un cas de conscience (le terme un peu fort, certes) d'avoir craché au bassinet pour voir ce film malgré les signes avant coureurs. C'est encourager DC dans ses errements, sa navigation à vue, effrayée et horriblement précautionneuse. Par effet ricochet, ils risquent de nous tuer le genre super-héroïque au cinéma avec ce genre de tâcheron.
Créée
le 19 août 2016
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