"Deadshot et Harley Quinn font les gentils - Le Film"

"Non mais je te jure ça va être génial ! Jared Leto est trop cool en Joker, puis Margot Robbie en Harley Quinn ! Allez viens je te promets tu vas pas être déçu".

Ces mots, que j'ai dû répéter une bonne centaine de fois à mes amis pour les convaincre de voir le film, je les regrette aujourd'hui amèrement. Si David Ayer soulève aujourd'hui les ingérences des studios sur le montage final, je parlerai ici du produit tel qu'il a été proposé au cinéma, puis en version longue plus tard.

Donc, dans un monde post-Batman v Superman, le gouvernement américain est obligé de réaliser que les métahumains sont bels et bien présent, et qu'ils représentent un risque énorme pour la sécurité nationale et mondiale. Dans une représentation très réaliste de ce que doit composer une réunion de haute-sécurité au Pentagone, une idée brillante est mise sur le tapis : "Et si on prenait les pire pingouins (pas le Pingouin, je sais, c'est difficile à suivre) costumés et qu'on les faisait se battre contre Superman ? Franchement ça passe".

Si le raisonnement fonctionne sur les forums de comics à grands coups de "ah mais si Superman est pas préparé et que Canard-Man a les Pierre d'Infinité, ça passe", sur grand écran on n'y croît pas une seule seconde. Bref, après un clip musical nous présentant un par un nos futurs protagonistes, insistant bien sur le côté faussement "bad-guy" des personnages avec des visuels bien lourds censés nous montrer l'ampleur de leur coolitude, on nous plonge dans un scénario d'une platitude effarante.

Rien ne sauve le film : sa menace ridicule, un humour d'une lourdeur jamais égalée dans une production super-héroïque moderne. Alors même que tout le principe du film repose sur ses protagonistes censés être des super-vilains, on nous offre en réalité des véritables gentils un peu nazes, dont le seul crime montré à l'écran reste de jouer aux gendarmes et aux voleurs avec des super-héros. Jamais on ne doute du sort des héros, dès les premières minutes on comprend qui va connaître tel développement, qui mourra, qui seront finalement les gentils. Exit donc les conflits géopolitiques de leur équivalent papier, la volonté de mettre en avant des seconds couteaux pour leur offrir leur moment de gloire.

Au-delà de son montage ridicule, ses instants de malaise palpable devant des blagues qui tombent à l'eau, et des personnages ridicules malgré eux qui sont de toutes façons constamment dans l'ombre de Harley Quinn et Deadshot, le film est tout simplement mauvais. Et notamment, car il fallait bien que j'en parle, une version du Joker qui aurait pu me séduire s'il se ne résumait pas à un étrange émo-gangster jamais effrayant, qui passe plus de temps à ronronner qu'à être le Clown Prince du Crime.

Suicide Squad semble ignorer les personnages adaptés, met complètement de côté la possibilité d'offrir quelque chose de nouveau dans l'espace pourtant déjà bien encombré et uniformisé des productions super-héroïques, et plus généralement passe complètement à côté de ce qui fait un bon film. Et non, désolé, la version longue ne sauve rien cette fois.

Un très mauvais film pour une équipe qui, je l'espère, saura retrouver ses lettres de noblesse grâce à l'adaptation de James Gunn, qui semble avoir bien mieux compris ce qui faisait tout le charme de la Suicide Squad en ne se prenant pas trop au sérieux.