Sully par LuluCiné

Sans faire de grandes étincelles Sully remplit sa part du contrat. Il faut dire qu'on en attendait pas plus sur une histoire déjà largement médiatisée. Clint Eastwood est un bon réalisateur mais il a déjà fait preuve de plus d'audace, voir de plus de ressenti dans ses précédents films. N'empêche que retrouver Tom Hanks est toujours agréable et chaleureux.
Sully même si il reste simple comprend tout de même quelques enjeux : on sent que le capitalisme face à la vie humaine est une des clés du procès qu'on fait au commandant. Le parallèle entre la vision du héros par le simple citoyen et l'emprise de US Airways qui attaque le pilote sur le front de l'erreur humaine est assez bien traité. Sully ne se percevant jamais comme un héros, sa psychologie est dès le début mise à rude épreuve.
Pourtant on sent que Clint Eastwood derrière ce sauvetage veut exorciser les peurs d'un certain 11 Septembre. En témoigne les nombreux plans aériens sur New York avec cette ombre fantomatique du crash possible de l'avion. La vie du commandant est reléguée au second plan, que ce soit par les courtes conversations du pilote et de sa femme ou par les maigres flash-back d'un homme qui aime l'aviation. Il est évident dans le fond qu'on garde tous en tête les images traumatisantes de 2001, ainsi avec ce « miracle » Eastwood redonne du baume au cœur aux citoyens. L'enquête sur la possibilité d'éviter l'accident devient alors presque improbable aux vues de l'intérêt positif que suscite cet amerrissage.
Une vie morte vaut moins que le principe de précaution dans les airs, ce qui aurait pu être creusé autrement que dans un face à face manichéen prévisible.
N'empêche qu'on a le film qu'on voulait voir, Eastwood reprenant la figure du héros pour mieux apaiser les peurs d'un pays toujours traumatisé.
Un bon film mais c'est sans oublier Flight, sur le même sujet qui amenait plus d'enjeux sur la psychologie du pilote.