Capitaine courage

86 ans et toutes ses dents. Ou pas... Quoi qu'il en soit, l'infatigable Clint Eastwood continue, avec plus ou moins de réussite, à nous livrer son film biennal. Mais il faut bien avouer que depuis "Gran Torino" il y maintenant 8 ans, l'ancien cow-boy de Sergio Leone ne dégaine plus très souvent le genre de films dont il avait le secret les deux décennies précédentes. "Sully" sur le papier, donne pourtant envie de retourner voir de quoi le maître est capable. Une collaboration avec Tom Hanks était attendue de longue date tant l'acteur de "Forrest Gump" colle à l'image d'une Amérique eastwoodienne de tout les possibles où les héros du quotidien sont célébrés. Ce qu'on peut dire de suite, c'est que "Sully" est une oeuvre parfaitement maîtrisé par deux monstres du cinéma américain. Hanks, tout en sobriété et en retenue livre une composition parfaite. Propulsé sur le devant de la scène médiatique, le personnage du commandant Sully, héros ordinaire par excellence, permet à Eastwood de mettre en lumière les phénomènes de starisation et de célébration des actes héroïques. L'Amérique a besoin de ses héros mais ces derniers n'ont pas besoin d'elle. Sully cherche juste à rétablir la vérité et défendre ses choix face à un système inhumain qui se doit de montrer un coupable du doigt lorsque l'argent tombe de la caisse. Parfaitement équilibré entre scènes d'investigations ultra-réalistes et séquences de crash spectaculaires, le dernier bébé de Clint lui permet de remonter une pente qu'il commençait doucement à prendre. Reste ces violons larmoyants trop présents et un film qui ne va peut-être pas au bout de son potentiel. On s'en contentera largement.