Sully marque la rencontre de deux monstres sacrés et la formation d’un couple de cinéma étonnamment inédit au regard de leurs filmographies respectives. Sully, c’est donc Tom Hanks devant la caméra de Clint Eastwood. Et sans vraiment de surprise, ça fonctionne.
Le réalisateur octogénaire joue de son art inégalable de la narration et de sa maîtrise absolue de la dramaturgie pour raconter sobrement cet extraordinaire fait divers. Il choisit de faire du crash le cœur de l’intrigue, un fil rouge plutôt qu’un moment de bravoure. Il construit son récit autour de ces 208 secondes cruciales en y revenant régulièrement et en multipliant les points de vue, ce qui participe à créer une tension constante et à nous tenir miraculeusement en haleine 90 minutes.
Il trouve aussi en Sully un héros ordinaire, figure récurrente du cinéma américain, le symbole d’une nation unie qui renvoie au monde une image positive, ce qui ne peut que faire du bien au pays en ces temps troubles pour la bannière étoilée (ce qui d’ailleurs ne manque pas d’ironie lorsqu’on sait que Eastwood a soutenu Trump aux dernières élections, le réalisateur n’est pas à un paradoxe près). Et qui mieux que Tom Hanks pour incarner ce symbole, pour traduire l’humanité simple du pilote, ses vertiges devant cette notoriété soudaine et ses doutes lorsqu’il doit se battre pour défendre sa réputation.
Eastwood nous plonge avec une minutie quasi-chirurgicale dans cet incroyable épisode de l’histoire récente des Etats-Unis. Et laisse la parole à Tom Hanks lorsqu’il s’agit de toucher la fibre sensible.
Une rencontre comme une évidence.

Créée

le 12 déc. 2016

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