"Il y a un pilote dans l’avion"

New York, 15 janvier 2009. Le commandant Chesley Sullenberger et son copilote Jeffrey B. Skiles décollent de LaGuardia avec 155 passagers à bord. A peine se retrouvent-ils dans les hauteurs au-dessus des gratte-ciel que les deux réacteurs de l’avion se détériorent en raison d’oiseaux pris au piège. Seule solution selon Sully, amerrir sur le fleuve Hudson. Le miracle est retentissant et salué par tous. Aucune victime n’est à déplorer. Mais si cet exploit n’était que folie pure et dangereuse ?

La différence entre les « héros » et les « zéros » est si fragile qu’elle ne tient qu’à une lettre. Adulés aujourd’hui, décriés dans la foulée, remplacés le lendemain et oubliés le jour suivant. L’alerte octogénaire Clint Eastwood s’interroge une fois encore sur la figure héroïque encensée en toute culture et plus particulièrement aux Etats-Unis. Après l’ambiguïté malaisante de son American Sniper, la personnalité positive de cet aimable pilote de ligne saura convaincre au risque d’autoriser les plus réfractaires à la qualifier de trop lisse. Dans un film ramassé et d’une intensité rare – des scènes furtives suffisent pour signifier la profondeur de quelques passagers et nous émouvoir aux larmes –, mêlant catastrophe, drame et procès, il raconte ce sauveur glorifié, puis accusé par les sbires des assurances d’avoir mis en danger la vie de tous ses passagers en prenant une décision imprévisible et insensée. Dans un New York encore traumatisé par les attentats et en repli progressif, il prône le collectif, la solidarité, ainsi que la force du facteur humain supérieur encore aux machines et autres simulateurs. Un message qui anime et rassérène en ces temps incertains. Le héros de Clint Eastwood ne se définit plus par les armes, sa politique offensive et son instinct de mort. Il se démarque par son humilité, sa bienveillance et sa reconnaissance envers les autres.

8.5/10

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