Aux premiers abords The Dynamiter ressemble aux autres films de la programmation du festival de Deauville : une vague de films reflétant une société américaine qui laisse peu d'espoir à ses enfants. The dynamiter n'est que le premier film de Gordon Matthew Sumner. C'est donc avec talent qu'il nous propose une œuvre forte malgré un thème quelque peu récurrent. Dans le respect de ce thème, Gordon Matthew Sumner peint avec émotion l'histoire d'un jeune garçon, Robbie (brillamment interprété par William Ruffin), qui se retrouve chef de famille à l'adolescence. Sa mère a quitté le foyer laissant seuls deux enfants et une grand-mère qui ne peut plus être autonome. La mère, ce personnage absent, hante pourtant ce long-métrage. Robbie reçoit régulièrement des cartes postales de cette mère dont il parlera très souvent. Une mère que nous n'apercevons que par une petite photographie, à quelques reprises. L'espoir de Robbie évolue pourtant dans un monde qui ne lui laisse que peu de chance. Le film s'oppose à cet espoir et nous indique constamment que Robbie devra avancer seul.

Si les difficultés qu'affronte Robbie couvrent le film d'un voile sombre, The Dynamiter n'en est pas moins un beau film. Beau par ce lien fort et pur entre un garçon et son demi-frère, Fess. Dès le départ, ces deux enfants jouent et profitent d'une forte complicité. Robbie est pour Fess à la fois un frère, un ami et un père qui l'éduque et le nourrit. Ainsi, The Dynamiter s'ouvre sur de nombreux gros plans d'un jeu que partagent les frères dans un champ. Ces plans apparaissent comme des instants figés dans les souvenirs des garçons, dont n'en ressort qu'une émotion indélébile. Cette tendresse réciproque ne quittera jamais les deux jeunes frères. Mais cette relation sera rapidement mis à l'épreuve lors du retour de l'aîné, Lucas. Ce dernier, vivant dans la désillusion d'un monde meilleur, préfère se laisser aller, voler et briser l'espoir que conserve Robbie au sujet du retour de sa mère.

Lucas tente d'une certaine manière de reprendre l'autorité dans la maison. Il ordonne à Robbie de chercher du travail, rejette le cadet car n'étant pas du « même sang ». C'est par la force que Lucas essaie de se rapprocher de son frère de sang, Robbie. Mais le jeune adolescent s'opposera à son ainé, prenant la défense du seul véritable frère qu'il n'a jamais eu, Fess. Tout comme Robbie l'explique à son demi-frère : « La famille c'est sacré ». Mais de quelle famille s'agit-il ? De la famille de sang, celle qui nous est imposé ? Ou la famille de cœur ? En ça The Dynamiter est un poème qui nous offre un peu de lumière dans cette obscurité.

La fin, elle-même, est à l'image de l'ensemble du film. Une décision difficile doit être prise par Robbie, suivie du sacrifice probablement le plus grand qu'il pouvait imaginer. Mais cette épreuve est paradoxalement synonyme d'espoir : Robbie part à son tour, toujours entouré d'une famille. Une famille de cœur encore. Il part parce qu'il sait qu'il peut changer sa vie ainsi que celle de son demi-frère.
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le 14 sept. 2011

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