"At the end of time, a moment will come when just one man remains."

Qu'on soit bien d'accord.
Sunshine n'est pas un film scientifique. Sunshine est un film à la portée philosophique qui ne se veut rien d'autre que modeste et délicate, enrobé dans une enveloppe de science-fiction et de divertissement de bonne facture. Le film n'est certes pas exempt de défaut. Une fin brouillonne et précipitée, des effets de caméras douteux et un ultime filon peu ou pas assez exploité aurait de quoi laisser sur sa faim un spectateur légitimement exigeant.


Pour ma part, je me suis contentée de me laisser transporter par l'aura hypnotique d'une œuvre obsédée par un protagoniste muet et implacable : l'astre solaire, sans lequel nous ne pouvons vivre et qui, ici, meurt peu à peu en condamnant à terme l'humanité.
La première bonne surprise réside dans le choix de casting, judicieux et pertinent : Rose Byrne, Michelle Yeoh, Cliff Curtis et Hiroyuki Sanada sont autant de visages trop rarement présents sur le grand écran à mon goût, mais que l'on retrouve alors avec un plaisir intact, chaque fois. Même Cillian Murphy et Chris Evans trouvent une place à la mesure de leur charisme modéré, ponctué par un jeu impeccable et crédible.
La musique revêt une importance capitale pour l'ambiance de Sunshine, qui au fil des péripéties de ses protagonistes, pose implicitement la question primordiale : l'Homme en vaut-il vraiment la peine ? Sa mesquinerie, sa folie destructrice, son ego et ses obstinations, interrogent et remettent sans cesse en question le sacrifice de ces hommes et ces femmes dont le seul point de mire demeure leur mission suicidaire, et dont les prédécesseurs avaient déjà échoué. Même les bons sentiments ne sauveront pas l'humanité, et tout paraît vain.


Bien meilleur qu'une énième mission Apollo, bien plus compréhensible et humble qu'un Interstellar, bien moins praliné qu'un Gravity, Sunshine donne à son spectateur tout ce que ce dernier est en droit d'attendre d'une expédition dangereuse dans l'espace : du sang, du désespoir, des hommes perdus dans l'immensité noire, de la peau brûlée, de la peau glacée et des dilemmes cornéliens juste comme il en faut.
Avec, en point d'orgue, l'un des signaux de détresse parmi les plus angoissants et percutants que j'aie pu entendre dans un film du genre.

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le 22 janv. 2017

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Seren_Jager

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