Super _ une incarnation désuète du film violent justifié

Y'a cinq ans, j'avais essayé de voir ce film mais je m'étais arrêter à la scène de la queue devant le cinéma. J'avais trouvé que la violence, à la limite de l'insoutenable, n'était pas justifié, violence que le réalisateur me donnait l'impression de cautionner.


Cinq années plus tard, je suis passé du stade adolescent à l'âge adulte et j'ai décidé de me remettre à ce film, convaincu que ce n'était pas un fou armé d'une clé à molette qui allait m'impressionner (en même temps quand on a vu Hostel, Cannibal Hollocaust ou Human Centipede, c'est bien normal).


Et honnêtement, cette scène m'a fait rire et j'ai regardé le film à la manière de n'importe quel autre film violent avec des individus qui décident d'en massacrer d'autres à la pelle, peut importe le contexte. Cependant, la différence réside dans la différence de traitement. Effectivement, on est pas dans une comédie d'action_ si tu es blessé tu souffres, tu peux te faire toucher même avec un costume, tu peux avoir un look de super héro mais être un criminel, et tu peux mourir parce que t'es juste un humain_ bref, les règles du film sont celles qui régissent notre monde à nous. Certes le cliché du trentenaire au corps de lâche qui décide de se venger n'est pas une nouveauté, cependant, nul besoin de parcours initiatique sur fond de musique motivante, seule une arme et un prétexte à son utilisation suffisent.


On a tous déjà rêvé de frapper le mec qui nous bouscule dans la rue, le couple qui parle fort au cinéma, notre mère qui nous dit de ranger notre chambre... et bien ici le rêve devient réalité. Bien sûr des lois morales régissent notre univers et agir de cette manière (sauf cas exceptionnel) relève de la fantaisie et c'est justement pour justifier l'injustifiable qu'apparait cette dimension divine. Le tout puissant nous donne une mission, et nous n'avons d'autre choix que d'obéir. Tant pis si cette apparition divine coincide avec nos désirs les plus sombres, les voies du seigneur sont impénétrables. Et c'est ici que le film devient intéressant, les scènes de violence ne servent que d'illustration dans ce processus ou un type ordinaire devient violent. Il n'a qu'à s'agenouiller pour que lui viennent l'inspiration (le super héro chrétien qui parle de s'attaquer au diable), la motivation (une société corrompu où les méchants sont intouchables, et pis en plus ils te piquent ta femme) et le moyen de mettre tout ceci en oeuvre (le super marché qui proposé des réduc sur les bazookas), et à cela on pourrait même rajouter l'encouragement de ses pairs (une autre femme lambda qui décide de devenir son sidekick). Au fond on y voit ici la critique d'une société où tout ne roule pas bien et qui produit des fous (un peu à la manière du film Joker), cependant, et c'est là où le film tape juste, on voit aussi une critique de cette même interprétation qui sert de base aux films de super héro. C'est à dire que simplement en raison d'une société pareil, les scénaristes se permettent de justifier les pires exactions, que ce soit du coté des gentils (qui tabassent et torturent des méchants), ou du coté des méchants (avec pour seule justification "ils sont méchants"), et bien sûr dans le film on pense direct à la double scène où Sarah se fait violer par un gangster, tandis que Frank procède à un massacré méthodique et particulièrement gore (hihi la dynamite c'est rigolo) des hommes de main de ce dernier.


Il est possible que j'aille trop loin dans l'analyse (totalement subjective) de ce film, mais j'ai l'impression que sous couvert d'un film drôle (à la manière d'un kick ass), on soit devant une oeuvre violence qui tente d'attaquer un système effectivement mal foutu, mais aussi ceux qui se servent des imperfections de notre monde pour justifier l'injustifiable et enrichir un monde déjà violent, d'images encore plus violentes, simplement pour amuser les populaces*


D'ailleurs il serait intéressant d'analyser le rôle de Ellen Page en qui l'on pourrait voir la symbolique d'un type d'individu ou d'institution qui verrait en Franck (ou dans ce qu'il symbolise) le moyen pour nourrir ses pulsions de violence. Mais j'ai pas envie de me mettre à faire de la masturbation intellectuelle sur du vide.



  • fin je dis ça mais je suis moi-même un consommateur de comics, d'animés et de films relativement violents, donc je parle vraiment de ce que ce film m'a donné l'impression d'exprimer, pas de mes opinions personnelles.

OldMikey
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le 7 déc. 2020

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OldMikey

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