Je n'avais jamais entendu parlé de ce film, mais quand j'ai vu que c'était un film sur une bande de gosses réalisé par Abrams et produit par Spielberg, je savais déjà que mon cœur serait conquis.
Super 8 c'est une œuvre totalement héritière de ces films de gosses des années 80 qui suit des gamins au milieu d'aventures plus ou moins surnaturelles à vélo. Elle en reprend les codes et l'ambiance et les manie très bien. Les enfants sont attachants et ont du réel en eux. Leur aventure est assez palpitante et on mise beaucoup sur les valeurs d'amitié et de loyauté.
Mais ce n'est pas seulement ça. Le film parle de sujets plus profonds. Il nous parle de notre rapport à l'autre, à travers l'alien torturé pendant des années par de scientifiques alors qu'il était pacifique et le fait que personne, même pas le spectateur, n'a pensé que s'il attrapant les gens c'était peut être pour communiquer. Il nous parle du deuil, le sujet central du film. Le deuil d'un parent proche avec notre héros qui doit apprendre à dire au revoir à sa mère. Le deuil de notre colère envers ce décès avec le père qui doit apprendre à accepter la mort de sa femme et pardonner un accident. Le deuil de l'absence de la mère pour Alice. Le deuil de sa culpabilité, pour le père d'Alice. Le film aborde ce sujet avec une certaine élégance et avec justesse. Les personnages sont très humains et ont tous des réactions très vraies autour de leur deuil et de leur manière de lui tourner le dos : s'accrocher à ses souvenirs, se noyer de travail pour ne pas y penser, se noyer dans l'alcool, éviter le sujet... Et comme c'est juste, on croit à la conclusion. On y croit quand tous ces événements dangereux aident ces personnages à voir leurs priorités, à comprendre ce qui le maintenait en arrière et à se comprendre mutuellement et s'entraider.
Super 8 c'est aussi un film qui parle de cinéma à travers ces enfants qui font un film et sont interrompus par l'élément perturbateur de notre film. A travers ce typique film qui suit une bande de gamin, on sent qu'il y a un regard bienveillant du réalisateur sur le cinéma, à la fois le cinéma familial grand public mais aussi le cinéma sans budget fait à l'arrache par des enfants doués qui essaie de s'amuser et de se démarquer. Le cinéma c'est ce qui crée du lien entre les personnages et c'est ce qui leur permet d'exprimer leur créativité. Le cinéma c'est ce qui permet à ces enfants audacieux de vivre une aventure incroyable ensemble et d'éprouver leur amitié. Le cinéma c'est aussi ce qui leur permet de faire leur deuil, au final.
Ce long métrage se laisse regarder, le montage est bon, les effets spéciaux biens, l'histoire est intrigantes et entraînante et les acteurs vraiment chouette. On pourrait le regarder comme un simple divertissement et ce serait déjà très bien mais il a aussi clairement un propos et un message pour ceux qui voudrait en voir plus. Et ces messages sont très bien amenés, pas avec de grosses bottes forceuses, ils font partie intégrante de la narration, de l'aventure, de nos personnage. Et ça rend le film beau et poétique. Parce qu'au fond, le monstre qui interrompt le tournage et nos personnages au milieu d'un projet, c'est le deuil du héros, c'est la sempiternelle dispute entre son père et celui d'Alice, c'est le management indélicat du petit réalisateur, la propension au chaos du pyromane, c'est les dysfonctionnements familiaux de ces familles (entre le père absent du héros, le père dépressif et alcoolique d'Alice, les parents soumis et coulants du petit réalisateur), c'est le mépris de l'armée pour la police, c'est la réponse à l'accident qui ouvre le film. Le monstre qui fait peur mais est en réalité bienveillant c'est la peur du changement, de passer à autre chose, d'avancer. Ce n'est pas un hasard si le monstre prend Alice au paroxysme de sa relation malsaine avec son père, quand ça va le plus mal. Mais en réussissant à lui faire face, à comprendre que c'est nécessaire, nos personnages réussissent à régler leurs soucis ou à les comprendre, les accepter et avancer.
Le film est intelligent sans être pompeux et prétentieux, c'est un divertissement rempli de cœur et malin. C'est un vrai plaisir à regarder et à plusieurs couches de compréhension et d'analyse : du simple film d'aventure SF, à la bonté des enfants libéré un alien incompris par de mauvais adultes avides, jusqu'à le cinéma aide à faire du lien entre les êtres et à comprendre ses émotions et ses besoins, et des enfants et adultes font face à leur deuil et leurs dysfonctionnements. Le seul bémol à mes yeux serait que le seul personnage féminin important disparaît pendant une grande partie du film alors qu'elle avait un rôle primordial, c'est dommage.
Beau, intelligent, drôle et émouvant, Super 8 est un long métrage vraiment intéressant et divertissant qui fait du bien.

Lia-Baggins
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le 22 mars 2021

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