Un film de monstre à la sauce eighties, une bande de gamins formidable, une histoire épique. Un film sur l'ère Youtube avant l'ère Youtube. Les images, les vidéos, les films constituent la moelle épinière de ce film qui dépasse heureusement l'hommage appuyé au cinéma post-age d'or d'Hollywood.

(Une fois n'est pas coutume comme le film est très récent, je profite de cette introduction pour signaler un afflux massif de spoilers).

Pourtant c'était pas gagné, la moitié des plans renvoie à une longue liste de films qui a marqué ma génération et celle d'avant (Les Goonies, ET, Gremlins, Stand By Me...). Une condition qui lui fait parfois oublier les rares innovations du genre. Je croyais que depuis The Host, attendre le dernier tiers pour montrer la bestiole était un temps révolu. Giacchino lui-même s'en donne à cœur joie dans cette imitation quasi-parfaite (et épique) de John Williams en oubliant malheureusement de sortir sa petite touche personnelle. La nostalgie y est pour beaucoup dans l'appréciation du film mais contrairement à Paul sorti plus tôt cette année, Super 8 n'oublie jamais que la cohérence de l'histoire et des personnages l'emporte sur le festival de référence.

On fait face à une réflexion méta sur le cinéma où une bande de gamins en pleine réalisation d'un film de zombie se trouve confronter aux effets numériques. On imagine le jeune Jiji dans son jardin avec son copain Mattou. Il faut voir la joie de l'artificier en herbe devant toutes ces explosions, l'inquiétude du réalisateur ("We can't die because we're kids") qui s'extasiait lui-même de l'opportunité ("Production value!") et bien sûr toute la quête désespérée du jeune assistant réalisateur/producteur/régisseur pour retrouver à tout prix la jeune première. Une bande de gamins géniale, la petite Elle Fanning en tête qui était déjà le seul truc à sauver de Somewhere, qui rappelle ceux des Beaux Gosses en moins irrévérencieux et plus professionnels.

Le télescopage intelligent du film de zombie cheap, du cinéma d'aventure eighties et des effets spéciaux numériques actuels. Humour, souffle épique, amour, sentimentalisme, petite ville américaine, des soldats pas gentils, filmage classieux, il ne manque presque rien à ce film. Un brin d'indépendance, un peu d'irrévérence, une bonne dose de gore, de méchanceté gratuite ou d'ironie, de second degré en fait. Mais cela reste le plus beau film d'aventures de ces dernières années avec des plans à couper le souffle avec des grues, des travellings, des plans séquences, rien de brouillon. Des scènes totalement spectaculaires (l'attaque du bus ou de la station service mais surtout, surtout cet accident de train dantesque qui vient perturber le tournage).

Et il ne nous reste plus qu'à faire comme le jeune artificier aux dents de fer, un "holy shit" silencieux (meilleure utilisation des exceptions PG-13 ever) devant la maitrise et la force du film.
MrShuffle
8
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le 3 août 2011

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MrShuffle

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