Qui l'eût cru: voir un jour voler aussi haut le man of steel, en vrai, pas seulement sur une feuille de papier de mauvaise qualité. Le pari était risqué et audacieux ; faire d'un personnage de comics populaire un film populaire. Ce n'était pas gagné, surtout au vu des précédents essais.


Mais le miracle s'accomplit.
Tel Jésus multipliant les pains, Superman the movie multiplie les moments de bravoure, transcendant même le matériel original de Siegel et Shuster, l'emmenant sur le terrain de la tragédie grecque (Hercule n'est pas loin) et du héros westernien. Richard Donner, Mario Puzo et Tom Mankiewicz l'ont bien compris, ils joueront avec ces codes constamment. Inscrivant Kent/Superman au parangon de l'immigration, avec ses deux identités, au sommet de l'americana, avec des scènes qu'on croirait sorties tout droit d'un tableau de Edward Hopper ou des écris d'Hemingway.
Ils iront même jusqu'à l'enfermer, de faire de son avantage un fardeau. Superman est condamné à la solitude, il n'a pas le droit d'exister sous sa véritable identité, celle du héros. Kent devient alors sa malédiction; «Live as one of them» lui dira Jor-El, son père. Il n'a pas le droit d'aimer Loïs Lane, il n'a tout simplement pas la droit d'être dans l'affect. Il est dans l'amour de l'humanité, au sens large, et seulement. Et grâce à cela, le film prend des allures de drame, où devant nos yeux, vie et souffre un héros. Qui, in fine, acceptera sa destiné. Un héros à visage humain, qui se pose des questions, tout en remettant en cause son existence et son pouvoir ; «All those things I can do. All those powers. And I couldn't even save him». Et non plus un monstre de perfection.
Même Lex Luthor, son némésis, n'est qu'une version miroir de Superman. Lui, aussi vit dans la reconnaissance de ses contemporains. Il veut exister. Bien évidement, il choisira le chemin du crime, mais finalement toute cette agitation traduit l'effort d'apparaître aux yeux des autres, d'occuper une place. Même Otis, le larbin de Luthor, demandera sa part du gâteau.
Absolument tous les personnages du film ont une envie d'exister surhumaine. Ce sont tous des super héros, à leurs niveaux, prenant des risques. Et là, le film se montre sous son véritable jour: Superman est un véritable film humaniste, dans le sens où l'humain est au centre.


Superman continuera de mettre des rêves dans la tête à des millions d'enfants et des étoiles pleins leurs yeux. Il ne vieillira jamais. La partition de John Williams persistera. Christopher Reeve sera pour toujours l'homme d'acier, malgré la mort; artistiquement. Superman restera un chef d'œuvre de la science fiction. C'est gravé dans le marbre, et cela jusqu'à la fin de cette planète toute bancale. Tel Krypton, sa présence et sa mémoire perdureront dans l'infini, à tout jamais. Et ce magnifique dernier plan, cet "au revoir" de la main, apparaît maintenant comme un "je serai toujours là"...


«You will travel far, my little Kal-El. But we will never leave you».

Cornelius
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le 27 sept. 2010

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