Deux ans après un opus initial un peu bancal malgré plein de bonne volonté, c'est un autre Richard, ici Lester, qui prend le flambeau et s'attaque au difficile exercice de la suite. L'intro repend en partie celle du premier opus histoire de bien nous rappeler la triplette d’antagonistes et vient au passage en diffuser un échantillon d'extraits clés pour rafraichir la mémoire du spectateur. Après ça, on remet les pieds dans le plat. Un Daily Planet toujours aussi animé, une attaque terroriste en plein Paris où on se moquera volontiers de l'accent franchouillard appuyé des autorités locales quand ils s'expriment en anglais, l'intervention de Superman dans une séquence qui en met plein la vue, et derrière ce départ aujourd'hui codifié de toute superproduction du genre, un moyen scénaristique astucieux pour délivrer les trois terreurs à venir de la Phantom Zone.


Les criminels kryptoniens au look de rockstars vont du coup s'en donner à cœur joie. Une séquence sur la Lune surréaliste où la lourdeur des astronautes en combinaisons met d'autant plus en exergue leur position de proie facile devant ces êtres aux pouvoirs surhumains reste un des morceaux marquants de la première moitié du film. Celui-ci, bien plus rythmé que son prédécesseur, se perd bien moins dans les longueurs peu présentes. Le duo Clark/Loïs fait des étincelles, la grosse révélation mi-métrage fait l'effet d'une bombe, les répercussions qui suivent ajoutent à la portée dramatique du choix du héros qui sera logiquement remis en cause avant le gigantesque affrontement urbain en plein Metropolis. Le final assez plat dans la forteresse de solitude et la conclusion facile en vient presque à gâcher tout le reste tant on était pris jusqu'alors dans l'ensemble. Sans parler de ce dernier twist rageant histoire de remettre à zéro l'évolution entre les deux protagonistes qui avait franchi un palier de non-retour. On retourne ainsi à un statu-quo balayant la dernière heure du film d'un revers de la main comme si de rien n'était.


Le casting reste intéressant. Christopher Reeve et un Clark Kent génialement gauche, adaptant son comportement et son attitude physique pour appuyer le jeu du personnage. Lane se montre plus ingénieuse que jamais et provoque le gros bouleversement en plein milieu du film. Le duo montre tout son potentiel comique avec la scène où la journaliste se jette dans les rapides pour prouver sa théorie. Et Superman deviendra plus humain que jamais et prendra le rôle des opprimés qu'il a toujours défendu le temps d'une rixe pleine d'enseignement pour lui. Jackie Cooper reste un Perry White efficace et le jeune Jimmy a un rôle encore plus anecdotique que sur l'épisode un.
Coté méchants, Luthor refait ses bouffonneries le temps d'une évasion. Il gagnera tout de même en intérêt avec son association éphémère avec le trio de l'espace mais le personnage reste toujours aussi insipide avec ses désirs de succès criminel. On est encore loin de l’adversaire véritablement redoutable du kryptonien. Quand aux trois autres, la froideur et l'arrogance de leur peuple reste fidèle à ce qui avait été montré dans le film de Donner. Terence Stamp et Sarah Douglas affiche un manque d'humanité dérangeant et c'est le grand barbu et ses borborygmes de néandertalien qui fait erreur de casting dans ce trio.


Qui dit blockbuster dit scènes d'actions marquantes, et le métrage n'en manque pas. Le point d'orgue restera ce combat en pleine ville avec destructions de véhicules et morceaux de bâtiments, et ceux, bien avant que la maitrise des effets numériques permette ce genre de folie. Résultat, de très nombreux effets spéciaux fait devant la caméra, et ça pète bien. Les moyens ont été mis pour représenter la dévastation à une échelle suffisamment crédible pour qu'on accepte de jouer le jeu. Reste cette espèce de lenteur dans les séquences de vols qui trahissent l'âge du film. Ça et d'autres trucs, comme les incrustations et ou les quelques ajouts tels les rayons lasers oculaires ou ce passage où Zod détourne le feu d'un lance-flammes. La cohabitation des effets de plateaux avec ceux opérés en post-production n'en est encore malheureusement qu'à ses prémices.


Quand à la bande-son, Ken Thorne reprend le travail effectué par John Williams et proposant des variations des thèmes principaux du premier film. L’accompagnement sonore gagne en dynamisme, ce qui lui permet de bien se fondre dans l'ensemble bien plus rythmé.
Bref, on y gagne sur pas mal de plans malgré un gros sentiment de gâchis dans la progression sur la relation Clark/Loïs. Un troisième opus acceptant les changements aurait pu introduire des pistes intéressantes à exploiter. Dommage.

auty
7
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le 27 janv. 2016

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