Je vais bien, ne t'en fais pas aura été l'exception qui confirme la règle : employer Kad Merad, acteur somme toute très bon dans le registre de la comédie outrancière (Un ticket pour l'espace, Qui a tué Pamela Rose ?), dans des rôles dramatiques, ce n'est pas une bonne idée. Ici il fait tout le film avec une seule émotion sur le visage (celle qu'on voit sur l'affiche), limitant sa composition à l'expression de l'égarement apeuré : touchant sur les premiers plans mais rapidement lassant puis irritant sur les quasi deux heures restantes.
Malheureusement, le choix de la tête d'affiche n'est pas le seul problème dans Superstar, nouveau long de Xavier Giannoli qui déçoit quatre ans après l'excellent A l'origine. Le montage, très lourd, répète plusieurs fois les mêmes scènes, les mêmes plans, créant un effet de remplissage pesant là où l'idée première était sans doute de créer un puzzle vertigineux et angoissant. Certaines séquences sont complètement ratées, comme les deux débats TV, dont l'un dégénère parce que l'animateur emploie l'adjectif "banal" (alors que l'on sait que des propos bien plus graves peuvent être tenus aujourd'hui sans que le public ne se mette à huer sur le plateau). Et ce manque de crédibilité et de réalisme se poursuit jusque dans le scénario qui, s'il flirte avec les limites du fantastique façon La quatrième dimension (on ne saura jamais d'où vient le phénomène dans lequel est embarqué le personnage de Martin), oublie de donner une épaisseur psychologique à ses héros (ou alors très caricaturale, comme le personnage de Cécile de France et son évolution morale très simpliste) et les trimballe comme des symboles creux afin de servir un propos facile (la dénonciation du cirque médiatique, la folie du web et de ses internautes qui font et défont le buzz, la starification du vide...) tellement appuyé qu'il en devient insignifiant.
Rien à sauver donc dans Superstar, à part le toujours génial Louis-Do de Lencquesaing, qui retrouve un rôle de producteur comme il en jouait déjà un dans Le père de mes enfants en 2009, et Cécile de France pour les quelques plans touchants où son personnage marmonne silencieusement.