Une farandole de plans parfaits dans un cadre vagabond aux arômes de la marijuana, sans sujets tabous où les limites sont repoussées à l’extrême par trois anticonformistes.

Walter Salles parvient à une belle adaptation sur un air de jazz nomade qui retrace l’œuvre littéraire de Kerouac. La part de naïveté ne contamine pas « la fureur de vivre » transmise à travers le voyage très axé sur la fête, les amis, la route à suivre sans prendre le même chemin que tout le monde…

Loin de rentrer dans le moule, ces « marginaux » endiablés parcourent les Etats Unis, fauchés, assoiffés de nouvelles sensations et découvertes plus ou moins insolites. Drogues, sexe, musiques forment la ligne directrice rythmée par la poésie des années 50-60.

Ils ne s’arrêtent jamais, animés par une perpétuelle gourmandise de toujours franchir les limites, sans prendre en considération les normes, ignorant les conséquences… Il leur faut faire taire les responsabilités qu’ils n’assument pas tous à la même allure : un monde bien à eux, que la réalité vient parfois heurter.

Un scénario bien construit avec des jeux d’acteurs aussi bien menés par Garrett Hedlund, Sam Riley, Kirsten Dunst, Viggo Mortensen, Amy Adams…

L’adaptation reste nerveuse, talentueuse mais assez figée dans un manque permanent des personnages à la recherche d’eux-mêmes.

Un genre de Into The Wild avec plus de psychologies, plus d’érotismes, plus d’illégalités et quelques immoralités agencées dans un cycle rythmé qui font de leur vie une aventure incessante qui bascule à plusieurs reprises.

La voix de Sal nous transporte dans son passé à travers son histoire et sa fascination pour Dean, qu’il nous confie, sans se dévoiler pour autant. Sal reste un mystère qui se laisse traîner de ville en ville, animé par l’admiration qu’il porte à ses camarades qui « ont la rage de vivre », qui « brûlent de l’intérieur »… La caméra reste à l’affut des émotions, et arpente tous leurs voyages, dans tous les sens du terme.

Des moments de lucidité que Dean réprime au détriment de sa « sagesse » qui l’échappe au fur et à mesure qu’il fuit la réalité et ses contraintes. Une sagesse instable qui vacille entre la peur et les fantasmes. Il se réfugie dans son monde insouciant.

(Critique disponible dans les archives de l'ancienne revue cinéphile en ligne CinéBoulevard.)
AnaelleT
7
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le 12 mars 2013

Critique lue 234 fois

AnaelleT

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