Jacques Audiard n'a pas besoin d'effets de mise en scène spectaculaires, de scénarios dignes des plus grandes fresques hollywoodiennes ni du budget d'une grosse production. Le plus important pour lui, c'est le casting. Pas forcément un casting cinq étoiles, mais un casting vrai et juste qui fera corps avec les personnages. Parce que les personnages sont véritablement le point central des films du cinéaste français. Il les aime et les chéri plus que n'importe quel autre réalisateur et chacune de ses oeuvres nous présente l'évolution d'un personnage seul ou de deux personnages ensembles.
Des personnages qui, à travers la violence, en ressortent endurcis, comme dans Un Prophète, Regarde les hommes tomber , De Rouille et d'Os ou encore comme le personnage d'Emmanuelle Devos dans Sur mes lèvres. Ou des personnages qui, au contraire, à travers cette même violence, tentent d'échapper à leur milieu, comme dans De Battre mon coeur s'est arrêté, Dheepan et le personnage de Vincent Cassel dans Sur mes lèvres.
Car Sur mes lèvres est sans doute la quintescence de ce qu'est un film de personnages. La caméra colle aux acteurs et ne les lâche pas d'une semelle et ses derniers disparaissent pour donner vie à ceux qu'il incarnent. C'est là que se situe la force d'Audiard, mettre en valeur un casting et le faire évoluer tout au long du film, de sorte à ce qu'une fois l'oeuvre finie, on ai vraiment l'impression d'avoir été témoins d'une tranche de vie décisive.
Sur mes lèvres est donc un film magnifique, superbement interprété, magnifiquement mis en scène et accompagné d'une musique encore et toujours sublime signée Alexandre Despalt. L'un des meilleurs films d'Audiard, à voir !