nouvelle critique 7 janvier 2021
Ce film idiot prend le contrepied de tout ce qui faisait l'originalité et le charme de l'original : alors que les films d'horreur des années 70 devenaient de plus en plus réalistes, Argento sortait un film chatoyant aux atours de conte (disant même s'être inspiré du Blanche-Neige de Disney). Cette version de Suspiria précède de quelques mois la sortie du film de Fatih Akin, Golden glove, histoire vraie (et dans le style des films de l'époque justement) d'un tueur en série baignée dans l'ambiance glauque de l'Allemagne de la même période, jouant de manière très satirique sur le décalage entre la jeunesse florissante des baby boomers, l'esthétique kitsch qui imprégnait toute la culture (musicale, vestimentaire, mobilière...), et la persistance malsaine de la misère et des modes de pensée de la vieille Allemagne. Guadagino affecte d'adopter un thème commun, effectuant un parallèle entre la survivance d'une société occulte de sorcières qui se nourrissent du sacrifice de jeunes filles, et la persistance aux postes de pouvoir des anciens nazis qui avaient sacrifié les jeunes hommes pendant la guerre. Mais son film ne développe ni n'aborde cette ébauche de thème de manière satisfaisante (en oubliant par exemple le goût des nazis pour l'occultisme), préférant peut-être emprunter la voie de l'art contemporain dans une scène de "mort par torsion" et un final qui ressemble à un happening dans lequel la place centrale donnée à l'hémoglobine rappelle certaines automutilations et utilisations de fluides par l'art corporel. Mais tout cela est très maladroitement exécuté, la mise en scène demeurant un langage étranger au réalisateur concerné.