Traumatisé mais émerveillé (l'histoire de mon premier film d'horreur)

Ce n'est pas compliqué :
Regardez ce film et ensuite le remake, normalement vous allez vite comprendre à quel point chaque scènes de l'original sont définitivement irremplaçables.


(Attention, il y a des spoilers)


Histoire assez insolite (pas tant que ça) que j'ai avec ce film d'Argento :
La première fois que j'ai vu ce film je devais avoir 11 ans, tombé dessus par hasard à la télévision à une heure tardive. Je n'y ai vu que la scène finale, quand l'actrice marche le long du couloir et découvre un cadavre avec d'affreuses coupures sur tout le corps.
Autant vous dire que j'ai voulu arrêter de regarder, mais la fascination était trop forte, bien que mélangé à la crainte. Et, j'éteint l'écran, d'un coup de sursaut après le moment du film où la porte s'ouvre pour me laisser la vue qui m'a traumatisé à jamais !


La première vraie fois que je l'ai vu en entier je ne savais même pas que c'était ce même film. En tout cas jusqu'à cette fameuse fin, je l'avais oublié ! Cela explique pourquoi j'avais une inlassable impression de déjà-vu dès le début du film. Et ce fut une révélation ! J'ai redécouvert la fin avec effroi, de peur de redécouvrir mon traumatisme...
Mais heureusement non, ce fut même un très bon souvenir cette fois-ci.
Maintenant je vais expliquer pourquoi j'ai vraiment adoré, et pourquoi je considère ce film comme l'un des meilleurs du genre :


Tout est trop iconique pour être remplacé.
rien que par la colorimétrie, marquée majoritairement par le rouge dans son sens le plus évident.
La scène la plus "magique" est pour moi quand toutes les femmes du bâtiment sont contrainte de dormir dans la même grande pièce. La protagoniste parle à ce moment avec une de ses amis dans le matelas à côté d'elle. Et derrière elles une ombre respire, c'est celle de la directrice, et les mots viennent ajouter du mystique à cette ambiance déjà bien pesante en plus du rouge qui recouvre la salle. Sonoriquement, un souffle inhumain vient s'ajouter par dessus le tout.


Des personnages tout aussi originaux.
Une héroïnes très innocente, terrifiée dès les premières minutes, ainsi que le spectateur par la musiques qui la surveille. Cette musique assourdissante n'est en rien rassurante par le mystère qu'elle transporte, et tous les événements suivants viennent le prouver.
Un personnage que j'estime aussi important est pour moi le pianiste aveugle. Il connaîtra un triste sort à travers une scène de tension absolue, tout ça au milieu d'une place extrêmement ouverte. Alors que la plupart des films d'horreurs veulent nous faire peur dans des endroits clos, ceux qu'on ne peut fuir facilement, jusqu'à nous rendre claustrophobe, Argento lui préfère nous faire peur d'une liberté d'espace, nous faire peur de pouvoir être pris dans une zone où on ne peut que courir plutôt que se barricader.


Toutes les morts sont très violentes, même aujourd'hui, malgré une couleur de sang amateur qui attendrit (très peu) l'aspect des meurtres. Mais malgré tout ce "franc" dans le gore, le reste est très profond, pas dans les dialogues ou les événements, en tout cas pas seulement. Mais aussi dans ce qui n'est pas montré, car c'est aussi ça Dario Argento, l'art de montrer ce qui est invisible. La scène où une "servante" dirige un reflet de lumière dans les yeux de notre héroïne en dit beaucoup. Ce film joue sur notre imagination, c'est l'horreur qui va plus loin, une épouvante plus mystique, maudite, magique et surnaturel.


Une originalité générale.
De mon point de vue, l'histoire, les décors et couleurs (très vives plutôt que sombre) des bruitages et du stress qui vivent avec les habitants de cette école de danse. Tout est marquant.
Ne sortez jamais la nuit, bien que ça ne garantisse pas votre sécurité !
Et cet acharnement pendant les leçons, cela peut paraître anodin mais je ressens personnellement une puissante force dans ce traitement du rapport professeur-élève.


Le finale qui transforme vos amis en pire ennemis: la résurrection de l'amie de la protagoniste, après être assassiné elle se fait "zombifié", en tout cas d'apparence. Ce corps possédé surgissant calmement par une porte. Après ce long moment d'attente, le monstre vient se faire désirer. Vue ou non, notre imagination prend facilement la place sur ce monstre, et pourtant le spectacle vaut le détour, car la peur finalement vu est aussi puissante que ce qu'on le pensait. Quoi de plus horrible ?


Ça étonne toujours quand je dit que Suspiria est un film de sorcières. C'est assez inhabituel de voir ce genre de traitement pour ce type "monstre", et c'est très agréable de voir une telle réussite, de renouveler le mythe.


Malgré le fait que les acteurs ne joue pas toujours à la perfection ça ne m'a pas retiré du rythme. Mon cerveau est malgré tout ensorcelée par ces images uniques.


La fin pourrait paraître trop simple, trop rapide, mais elle reste juste pour moi. La jeune protagoniste fuit cet enfer, les flammes la pourchasse mais elles ne font que faire disparaître ce nid de cauchemars.
Ce long-métrage est une perle, mais je dis quand même bravo au remake qui a sût réinventer. Malheureusement pour lui, il s'est attaqué à une œuvre déjà trop grandiose au point qu'on ne pouvait faire mieux.

Mateus_Her
6
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le 11 déc. 2019

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Mateus_Her

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