De retour à Londres après 15 ans passés dans une prison on ne sait trop où et pour la simple et bonne raison d'avoir été trop "naïf", Benjamin Barker décide de se venger du juge Turpin qui lui a volé sa vie, sa femme et sa fille. Prenant le nom de Sweeney Todd et aidé par Mrs Lovett éprise de lui, il reprend son activité de barbier afin d'accomplir son nouveau but, éliminer la crasse de cette ville.
On retrouve bien ici le style de Burton : ambiance lugubre et glauque à souhait, une saturation en couleur quasi inexistante, des lignes et des rayures, des visages blafards presque cadavériques aux yeux cernés de noir, la mort, la boue et évidemment Johnny Depp et Helena Bonham Carter.
Je ne suis pas fan des comédies musicales en temps normal, les acteurs surjouent et les chansons sont trop longues. Mais celle-ci, je l'ai adoré. La musiques est sublime et toujours très représentative de l'univers de Burton. Quant aux chansons, bien qu'interprétées par des acteurs n'ayant pas une grande expérience, sont (à mes oreilles du moins) tout à fait correctes voire carrément très bien interprétées (notamment le duo Johnny/Elena qui fonctionne vraiment très très bien). Je trouve cependant que la mélancolie prend un peu trop le pas sur l'ambiance inquiétante et sombre de Burton que j'attendais. ET, j'avoue avoir eu beaucoup de mal avec la jeune fille jouant Johanna dont la voix est assez agaçante mais heureusement Laura Michelle Kelly (la mendiante) rattrape le tout avec sa "Ci'y on fire" sur la chanson "Johanna".
Johnny Depp dont le style de jeu est plutôt célèbre et relativement similaire d'un film à l'autre (excepté dans Edward aux mains d'argent) forme un parfait duo avec Helena Bonham Carter. Il m'a convaincue dans son rôle de barbier introverti à la soif de sang et de vengeance et, elle, est parfaite en Mrs Lovett un peu maboule sur les bords (son dodelinement de la tête très discret est fascinant).
Evidemment, l'histoire est prévisible, la romance entre les deux jeunes est quelque peu superficielle et exagérée mais nécessaire au déroulement de l'histoire. J'ai également un problème avec la couleur presque rose du sang qui est sûrement voulue et renforce cette impression que ce film a été réalisé au 20eme sciècle alors qu'il date de 2007. Sauf que ce tout petit budget en effets spéciaux enlève du réalisme et du frisson.
La fin est également prévisible et coule de source mais n'en est pas moins bouleversante et les chansons y apportent encore plus d'émotions.
Voilà, j'ai beaucoup aimé ce film mais je n'ai pas frissonné autant que je l'aurais souhaité bien que j'ai été plongée dans l'exacte ambiance que je cherchais, de Londres au 19ème dans la boue et le froid et les décors sombre de Burton.