Dans la ville de New Bedford, ville côtière du Massachusetts, 80 km au sud de Boston, l’attachant Nico et la belle Billie coulent des jours plus ou moins heureux auprès de leur père. Ce dernier noie son chagrin dans l’alcool depuis le départ de sa femme en quête d’une vie meilleure dans d’autres lits.
Drame social, Sweet Thing est illuminé par la présence de trois adolescents livrés à eux-mêmes. Devant l’abandon des adultes aux prises avec l’absence de perspectives économiques et confrontés à leurs vices, Billie, Nico et Malik doivent faire face et s’inventent aventuriers rebelles pour quelques jours.
L’avantage du noir et blanc, c’est qu’il livre à l’œil, l’essentiel : beauté pure avec les gros plans sur le visage des enfants, crasse pour les rues de la ville et ses baraques délabrées. Parfois, Billie Holiday vient colorer les rêveries de la jeune Billie, qui par sa voix, redonne de l’espoir et de la légèreté à ses deux compagnons d’aventure.
Si le noir et blanc donne à l’œuvre un coté intimiste, la distribution, plutôt courte, le renforce. Pour son film, Alexandre Rockwell a choisi ses deux adolescents, son épouse et son ami, Will Patton. Little Feet, son précédent long métrage, s’attachait à l’enfance (ses deux enfants y jouaient également), Sweet Thing, à la période de l’adolescence durant laquelle le regard qu’on porte sur le monde, sur les évènements (et ici, la famille) s’affûte. Dans leur fuite, les trois adolescents s’autorisent des moments de folie douce, de joie, d’audace avant d’être rattrapés par le monde brutal des adultes dans une Amérique qui s’effondre. Ces scènes sont une bouffée de poésie et de joie pour le spectateur.
Si New Bedford est connue pour avoir recueilli Frederick Douglass, esclave noir qui gagna sa liberté, Rockwell nous rappelle qu’elle reste un endroit où certains jeunes américains noirs peuvent encore être abattus dans le dos, comme cela passe encore dans bien d’autres villes des Etats-Unis.