Swimming Pool c'est un peu le Usual Suspect d'un réalisateur français considéré comme prétentieux. C'est-à-dire qu'il brode son histoire autour du thème de l'histoire qu'on s'invente, du moins c'est ce que j'en ai compris. Je reviendrai là dessus en fin de critique.

Swimming Pool est un film intéressant, mais hélas qui manque d'un peu de pêche. Disons que durant la première heure, il ne se passe littéralement rien au delà de la mise en scène valorisant une ambiance magnifiquement surréaliste. C'est un peu dommage car on ne sait pas vraiment où l'on va. Heureusement le réalisateur a été suffisamment intelligent pour fixer un objectif très clair en début d'histoire (écrire un bouquin) ce qui permet au spectateur de se rattacher à quelque chose (surtout qu'on la voit taper, corriger, remanier son texte).

La mise en scène est assez classe. Le manque de transition entre deux scène peut perturber son spectateur ou au contraire le conforter dans cette idée de surréalisme que le film porte. Car à tout instant on se croirait dans un fantasme, dans un rêve. Après tout, s'il ne se passe rien, de par cette ambiance étrangement pesante, le réalisateur laisse la porte ouverte au spectateur pour interpréter tout ce qu'il désire. Le déroulement des rares actions est d'ailleurs déroutant, on se demande comment cela peut arriver.

Bref, je pense que le film de Ozon est intelligent, mais qu'il aurait pu amener plus de matière durant la première heure. Car même si après coup je peux trouver des éléments très positifs, durant le film, il faut l'avouer, on risque l'ennui à force d'attendre que quelque chose se passe.





Comme promis, je vais maintenant vous révéler mon interprétation du film. Il y a donc du Spoiler dans l'air. Je précise qu'il s'agit là de mon point de vue personnel, je ne la vante donc pas comme LA bonne et unique explication, mais juste que j'ai voulu me prendre au jeu de Ozon.

Tout au long du film j'ai cru à cette histoire comme si c'était la vérité qui se déroulait devant mes yeux. Quand arrive le départ de Julie à la fin, je me suis dit que ça parlait en fait d'une jeune fille qui avait besoin de retrouver sa mère.
Puis arrive ce premier curieux plan dans les bureaux de Londres où l'on découvre que Julie est différente de celle présentée comme un fantasme ambulant depuis le début du film. Ensuite, ce plan curieux où l'on peut voir Sarah faire signe aux deux Julie.
Je pense que la Julie présentée tout au long est celle du livre de Sarah, un personnage totalement ficitif mais inspiré de la vraie Julie (le terme fantasme n'est pas anodin, et je pense que Ozon a aussi joué là dessus pour la métaphore).
Le hic c'est qu'on ne saura jamais jusqu'à quel point la vraie Julie ressemble à celle imaginée par Sarah. Cela rassure sur ce meurtre qui n'a pas eu lieu, c'est sûr, et surtout sur la facilité avec la quelle les deux femmes s'en sortent.
Ce qui me conforte dans cette idée d'histoire dans l'histoire, c'est aussi le fait que le livre s'appelle Swimming Pool, titre du film comme s'il s'agissait de l'adaptation. Puis il y a ce désir charnel qui revient, ces scènes qui se ressemblent, une fois avec Julie puis avec Sarah. J'en viens à me dire que le jeune moustachu n'est qu'une projection fantasmée de Marcel pour son livre. Il est donc fort probable que l'appétit sexuel de Julie soit le fruit de l'imagination de Sarah. Enfin, Julie elle même est certainement la projection fantasmée de Sarah.
J'en viens à cela pour deux raisons : Sarah n'arrête pas de dire que c'est un roman personnel à la fin (alors que de cette histoire, finalement, Sarah en est plutôt une spectatrice, ou une narratrice quand elle explique à julie quoi faire) ; ensuite parce que Sarah, dans la vraie vie, est une femme qui subit, qui ne supporte pas sa condition de célébrité et de femme utilisée par son patron alors que cette jeune fille incarne son antagoniste parfait : une femme fatale qui accumule les hommes et qui va jusqu'au meurtre lorsque l'un d'eux tente de se débiner pour une 'autre' (la pulsion morbide même si elle n'est que fantasmée, fait partie du quotidien de cette femme écrivain qui sort régulièrement des roman policier).
Enfin, pour terminer cette interprétation qui me fait dire que ce film comporte un scénario plutôt intelligent, il y a un jeu de miroir évident entre ce qui arrive à Julie et ce qui arrive à Sarah.
Fatpooper
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le 12 sept. 2012

Modifiée

le 12 sept. 2012

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