Des dizaines de films sortent chaque mercredi et on se demande souvent ce que certains font dans les salles. D’autres arrivent directement dans les rayonnages des boutiques de DVD et Blu-ray alors qu’ils mériteraient largement les honneurs d’une projection dans une salle de cinéma. C’est notamment le cas de Swordsmen de Peter Chan, qui avait été montré à Cannes lors d’une Séance de Minuit en 2011 pour ensuite disparaitre des plannings.

Nous sommes en 1917 en Chine, dans un petit village perdu dans la campagne. Liu Jinxi y mène une vie paisible avec sa femme et ses deux fils. Tout va changer quand deux petites frappes vont vouloir dérober un magasin. Jinxi est témoin de l’assaut et est pris à parti. Il va tenter de s’interposer et pour des raisons plus ou moins obscures les deux voleurs vont mourir dans la bagarre. On aurait pu en rester là si n’était pas arrivé sur place un détective qui va remettre en cause la version officielle.
Suspicieux, Xu Baijiu va tenter d’en savoir plus. Sorte de Sherlock Holmes chinois, il va découvrir plusieurs indices démontrant que le récit original (et donc les images montrées au spectateur) n’est pas ce qu’il dit être. Et si le gentil paysan était un expert en arts martiaux ?
Son axe de réflexion sera basé sur le corps humain et l’utilisation qu’on en fait dans les arts martiaux : points vitaux, respiration, mouvements du corps, etc… et le spectateur aura droit à une autre version des images basées sur ces théories.

Evidemment, le doute est possible tout du long. Les deux héros sont traités sur un pied d’égalité. Jinxi a droit à une longue scène d’introduction et Baiju a des passages d’introspections (où il voit « sa conscience »). Ca permet au spectateur d’hésiter : l’un semble vraiment gentil, mais aurait tout à fait été capable de tuer les deux voleurs, et l’autre est un détective très intelligent mais un peu perturbé. Qui a raison ?
Il faudra attendre la fin du premier acte pour découvrir que Jinxi est bien un spécialiste des arts martiaux (mais bon ou mauvais, on préservera la surprise jusqu’au bout). Ce n’est pas vraiment un spoiler puisque sans ça le film n’aurait pas eu de raison d’être.

Le deuxième permettra donc à l’acteur, Donnie Yen, également directeur artistique et chorégraphe des combats, de faire une magnifique démonstration de ses talents dans un combat sublimement mis en scène alternant plans larges en décors naturels et échanges de coups plus rapprochés. Les enchainements sont admirablement organisés et très bien filmés, allant jusqu’à frôler le surnaturel comme c’est souvent le cas dans le cinéma asiatique de ce genre où l’on défie les lois les plus élémentaires de la gravité.
Peter Chan, le réalisateur, montre également qu’il sait filmer des scènes beaucoup plus intimes -et elles sont largement présentes dans le récit- en jouant beaucoup sur les gros plans et les éclairables, notamment à la bougie. En effet, contrairement à ce qu’on pourrait penser au vu de la promotion, Wu Xia n’est pas un simple film d’arts martiaux dans lequels des coups sont échangés. C’est avant tout un film très humain, l’histoire d’un homme qui veut refaire sa vie et faire table rase du passé. Le long premier acte et même les deux suivants n’ont donc que très peu de scènes d’actions.

Quand au troisième acte, il est à l’origine du film. Chan et Yen voulaient en effet trouver une manière de rendre hommage au cinéma d’action chinois des années 60 et 70. La dernière partie, qui permet de conclure le récit de façon tout aussi magistrale que le début, est donc aussi un vibrant hommage à la fameuse Trilogie du Sabreur Manchot et à son premier volet, Un Seul Bras les Tua Tous, en particulier.

Pas la peine d’en rajouter beaucoup plus. Vous l’avez compris, Wu Xia est un petit bijou dans son genre. Le film n’a malheureusement pas eu les honneurs d’un grand écran et n’aura sans doute ceux de la tête de gondole des magasins que très peu de temps. Mais ne passez pas à coté, achetez le. Vous ne le regretterez pas.
cloneweb
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le 17 févr. 2013

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