Le premier avait acquis son statut de film culte auprès d'un certain public (principalement jeune) surtout en raison de ses aspects provocateurs et subversifs. Autant le dire tout de suite, si vous avez l'aviez aimé à l'époque et que vous allez voir le second en espérant retrouver la même chose vous allez être très déçu. En y réfléchissant, refaire le même film 20 ans après, où ne serait-ce que le même genre de film, en gardant les acteurs n'aurait eu aucun sens.


On retrouve donc la joyeuse clique au complet, mais le temps a filé, et le film reflète naturellement cela. La plupart des personnages ont désormais plus de deux neurones (sauf Begbie et Spud, mais c'est leur personnage qui l'exige) et sont maintenant capables de raisonnements inspirés par autre chose que leur besoin d’héroïne. J'ai trouvé ça plaisant, ayant eu trop souvent l'impression dans le premier d'être face à des neuneus complets. La vie leur est passée dessus, ils ne sont plus désespérés mais désillusionnés. Le seul trait fort de leur caractère qui a persisté, c'est leur côté magouilleur, sur lequel ce T2 se base largement.


N'allez pas croire pour autant que le film tire un trait sur son héritage, parce que c'est tout le contraire. Tout en étant sa propre oeuvre, ça reste un ode au premier. Les clins d’œil y sont multiples et parfois un peu trop forcés (le rictus devant la voiture sort un peu de nulle part et l'unique prise d'héro n'est pas justifiée, elle est juste là pour qu'on se rappelle que l'on regarde la suite de Trainspotting). La réalisation très nerveuse est aussi un peu passée à la trappe, comme si Boyle lui-même s'était assagi. On ne va pas se mentir, comparativement, le film semble un peu plan-plan par moments. J'ai envie de dire que ce qui a été perdu en intensité et en nervosité, a été gagné en épaisseur. Je n'étais pas un grand fan du premier, cette évolution m'a plu, mais je peut comprendre qu'elle puisse ne pas convenir à certains. J'ai bien aimé la fin et la morale choisie, ça m'a arraché un sourire, même si sa crédibilité me parait douteuse.


En Ecosse, les autorités sont donc prêtes à filer 100 K de subventions sans mener une enquête minimale sur les entrepreneurs concernés, surtout lorsqu'il s'agit de drogués et de petites frappes notoires ?


Boyle n'a donc pas cherché à faire du jeune à tout prix. Il a fait évoluer son oeuvre, comme les fans de son premier film ont du, normalement, évoluer également. Il leur a parlé. Je pense que c'était la bonne chose à faire, car sincèrement, y'aura t'il beaucoup de jeunes qui n'étaient même pas nés à l'époque suffisamment cinéphiles pour s'intéresser à ce Trainspotting 2 ? C'est triste, mais je pense que non.

Vonsid
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le 5 mars 2017

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Vonsid

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