Tabou, laid ?
Si quelqu'un prétend ça, sachez que ce ne sont que des salades. Il y a une telle volonté, dans le film de Miguel Gomes, de faire quelque chose de différent, de décalé, que le film oscille sans cesse...
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le 20 mai 2013
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A première vue, « Tabou » est un beau film. Mais à y regarder de plus près, qu'est-ce qui est vraiment beau ? La photographie, indéniablement. Un film photographié dans un noir et blanc aussi impeccable, ce n'est pas si courant, tant mieux donc. Mais mis à part la surface visuelle, la couleur et le grain de l'image, « Tabou » est-il réellement un « beau » film ? En fait, non. L'histoire est assez quelconque, si ce n'est qu'elle s'inspire très fortement du « Tabou » de Murnau (sans en retrouver la splendeur, loin, mais vraiment très loin de là), long métrage que l'on peut qualifier sans hésiter de chef-d’œuvre, contrairement au film de Gomes pourtant tant acclamé. Les références ostensibles de cet acabit sont tout à fait typique de ces artistes plus doués pour citer autrui que pour créer quelque chose de qualité, sans parler d'une qualité égale aux artistes assez grossièrement convoqués. Car Murnau n'était pas qu'un simple « imagier », c'était aussi et avant tout un véritable artiste, avec une sensibilité propre et des choses à dire. Alors que là, rien, nada, ou presque. Gomes reste à la surface des choses. D'ailleurs, fait éloquent, la musique tient dans ce « Tabou » un rôle tout à fait… cosmétique. Comme les acteurs, certes très beaux, une fois encore… mais tout à fait sans épaisseur. Ils restent des acteurs, et ne s'incarnent jamais vraiment en personnages. Sauf peut-être celle qui joue Pilar, encore qu'elle reste cantonnée à un rôle cliché. Car tout est cliché dans ce film, quel dommage ! D'autant que le ton du long métrage n'est pas plus réjouissant, il est amer, presque cynique. En fait, il n'y a pas vraiment de paradis originel ici, juste un semblant de bonheur factice, voué à disparaître avec le destin des protagonistes, brisés par l'échec de leurs vies dénuées de sens. Les personnages sont désabusés, le regard vide, à l'image de leur existence toute en apparence, et seulement en apparence. Hélas, une fois passé le choc de l'image brillante (comme du papier glacé), on se rend compte rapidement que l'intrigue repose sur des ressorts scénaristiques bien maigres… « Tabou » n'est qu'un exercice de style, dont l'existence n'est légitimée que par quelques jolis plans, comme cette nuque tarkovskienne, cette marche dans les herbes hautes (qui ne mène nulle part, tiens tiens, étonnant non ?) ou cette brousse qui étouffe un ciel que l'on imagine d'un bleu azur… Un film pas déplaisant, mais désespérément vide.
Critique à retrouver sur mon blog ici.
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Créée
le 19 août 2017
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