Le film ne parle pas: ce n’est pas un “the artist” à la japonaise, non il arrive qu’on reçoive même quelques semblants de voix en guise bruit de fond.
Mais il n’y a aucun dialogue durant 1h20.
C’est donc au spectateur de faire l’effort de regarder avec plus d’attention ce qui lui est proposé.


Le film est-il pour autant difficile à comprendre?
Non, parce que l’histoire tient en une phrase: un petit garçon décide d’aller retrouver son père sur son lieu de travail.


Le gamin est mignon, il traverse des paysages couverts de neige qui s’accordent à son innocence, à sa façon de jouer ou de prendre des airs importants.
C’est mignon, c’est poétique, mais ces jolis instants sont trop rares pour qu’on apprécie la traversée du désert.


Ce qui marque surtout c’est le temps du film: il ne dure qu’une heure vingt et on a l’impression d’y passer 3 heures: pas parce qu’il ne se passe rien, mais parce qu’il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent.
La mis en scène ou les décors pourraient retenir notre attention, on pourrait avoir 1001 choses à regarder, des pistes pour nourrir notre réflexion, mais non c’est le néant.
Le film n’est qu’une succession de plans fixes qui suivent les pérégrinations du jeune Taraka de façon plus ou moins proche.
Le problème c’est qu’on a l’impression d’errer autant que le petit, de ne pas savoir où on va, de peiner à lâcher prise et une fois qu’on a compris que lui a atteint la fin de sa journée, nous n’avons toujours pas entamé le beau voyage qui nous était proposé.


C’est dommage, il aurait été tellement bon de pouvoir profiter d’un film atypique, s’extasier sur la poésie d’une histoire simple, sur le voyage plein d’enseignements d’un petit garçon qui rêve de poissons.
Sauf que ce qui restera dans notre mémoire, c’est combien on a bataillé contre le sommeil et avec quelle impatience on a attendu que chaque scène se termine.
Voir la bande annonce qui condense quelques uns des meilleurs moments du film me conforte dans mon idée qu’il aurait gagné à avoir un découpage un peu plus rapide. Au lieu de ça il faut attendre bien longtemps pour pouvoir profiter des quelques moments de grâce.
Et ces instants ne sont pas assez forts pour compenser l’ennui qui a habité les 90% restants du film.

iori
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Cinexpériences - La liste aide-mémoire.

Créée

le 14 mai 2018

Critique lue 225 fois

1 j'aime

iori

Écrit par

Critique lue 225 fois

1

D'autres avis sur Takara, la nuit où j'ai nagé

Takara, la nuit où j'ai nagé
Camilocinefil
10

Un documentariste des (petites) choses

Damien Manivel signe peut-être l'ultime film d'une trilogie secrète, car du Jeune Poète à Takara ses films tendent vers toujours plus d'épure tout en balançant plus ou moins discrètement du côté du...

le 30 avr. 2018

6 j'aime

Takara, la nuit où j'ai nagé
GroovyNoops
1

Critique de Takara, la nuit où j'ai nagé par GroovyNoops

Zéro pointé. Je crois sincèrement que regarder les bandes de vidéosurveillance d’un parking de nuit ou bien se faire l’intégrale des podcasts de Hugo Tout Seul sont des options qui au pire reviennent...

le 25 avr. 2018

6 j'aime

1

Takara, la nuit où j'ai nagé
Th_
9

parenthèse enneigée

Oui, le film est muet et il ne se "passe" pas grand chose apparemment. Comme il est précieux pourtant de pouvoir se laisser aller à une attention flottante et de vivre un film comme un rêve...

Par

le 30 avr. 2018

5 j'aime

Du même critique

Adults in the Room
iori
8

La dette qui avait trop de Grèce (ou l’inverse)

Voici un film qui illustre parfaitement une certaine idée du cinéma, celle qui permet à des orfèvres de s’emparer de sujets politiques difficiles, abscons et d’en donner une interprétation qui permet...

Par

le 24 oct. 2019

31 j'aime

Jalouse
iori
7

Le cas-Viard

Comme quoi c’est possible de faire une comédie qui force le trait sans tomber dans la danyboonite aigüe (une maladie de la même famille que la kev'adamsite ou la franckdubosquite). Karine Viard...

Par

le 14 sept. 2017

27 j'aime

9

Les Cowboys
iori
8

Kelly watch the stars

François Damiens dans un film qui s’intitule “les cowboys”, où il incarne un père de famille fan de country dans les années 90. Voilà une base qui donne envie. Envie de fuir bien loin. Sauf que ça se...

Par

le 18 nov. 2015

24 j'aime

7