Take Point
5.2
Take Point

Film de Kim Byung-Woo (2018)

Si Kim Byung-Woo nous avait plus que prouvé sa capacité d’aménager un film d’action dans un espace restreint avec The Terror Live, dans Take Point il prend définitivement ses marques et confine son script dans un bunker. On sait déjà, d’emblée, qu’on va souffrir.
Histoire complètement invraisemblable et même pas tirée par les cheveux, on éjecte notre sens de la logique au bout de 10 minutes (5 ?) et on se laisse glisser agréablement dans ce méandre des tunnels, écrans, pièces, couloirs et autres. La tension monte en crescendo et puis, le réalisateur tient à ce qu’on n’oublie à aucun moment que nous sommes enterrés, que l’équilibre peut tomber à n’importe quel instant.
Avec cette sensation de claustrophobie qui gaine tout le film, nous entrons dans un futur très proche (dans trois ans, quoi) où les Américains veulent anéantir la Corée du Nord avec l’excuse d’un missile lancé soi-disant par les chinois… qui se sont fait passer par la Corée du Nord… heu… nos repères déjà à des années-lumière, nous sommes pris par une action sans trêve. Par ce jeu de pouvoir qui place ce bunker dans un échiquier. Possible ou pas, on s’en fout, ce qui compte est que pas seulement on ne s’ennuie pas mais qu’en plus on s’y croit.
Ce sont des mercenaires, donc automatiquement des méchants sans scrupules qui travaillent pour de l’argent mais, la première scène tient à nous humaniser le personnage du capitaine nous affichant un homme qui va bientôt être papa et qui traîne derrière lui un accident qui lui aura coûté une jambe. Si ce mercenaire semble avoir une âme, qui sera donc le méchant ? C’est là que tout devient tentaculaire et qu’on cesse de se poser des questions.
Take point a été travaillé jusqu’au moindre détail. Chaque élément corrobore cette tension coriace et sans répit, laissant quand même de la place à la naissance d’une amitié improbable. Sans entraves, avec des scènes de caméra sur l’épaule parfaitement distribuées qui ne nous donnent pas le tournis, nous sommes placés à notre insu dans le seul point de mire du capitaine, chef des mercenaires. Nous ne voyons que ce qu’il voit. Technique absolument géniale qui nous transporte dans une de ces attractions affolantes où nous sommes cloués dans notre siège mais secoués dans tous les sens.(Europa Park dans notre salon)
Une histoire qui tient debout même si elle ne tient absolument pas debout et même si parfois je m’attendais, comme dans un jeu vidéo, à ce que l’écran me demande quelle arme je choisis pour tel ou tel personnage (je n’ai pas pu m’empêcher d’imaginer Ha Jung-Woo en train de bouger sur place dans l’attente de l’attribution de ma part d’une arme), je me dois de placer ce film au même niveau que « A Hard day » de Kim Sung-Hoon. Même si la fin est digne d’un chinois sous acide, elle reste à la hauteur du scénario. Et le plus drôle c’est que nous en sommes heureux. Je ne le qualifierai pas de chef-d’œuvre mais d’un très bon film coréen comme on les aime.

Cooleur_Asia
8
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le 24 juil. 2020

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Cooleur Asia

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