BRILLANT!

Comme beaucoup d’autres, j’ai manqué ce film à sa sortie. Mud a eu le temps de sortir et je n’avais toujours pas vu Take Shelter ni Mud non plus. Pourtant, je voyais partout sur la blogosphère des critiques professionnelles et amateurs unanime qualifiant Take Shelter de meilleur film de l’année 2011.

J’ai donc profité que la médiathèque de ma commune l’ait (en plus, en édition Blu-Ray) pour en profiter. Je n’ai pas eu tord car autant vous prévenir, Jeff Nichols aime les fins à la Christopher Nolan du moins dans ce film. Vous savez ces fins où personne n’est d’accord genre : » La toupie tourne plus….mais si t’as rien compris…..donc il rêve encore! ».

Pour en revenir au film, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est très étrange. Tout au long du visionnage, je n’arrêtais pas de me dire que j’étais en train de regarder un truc énorme sans trop savoir pourquoi ça l’était justement. A un moment, j’ai arrêté de chercher le pourquoi du comment et je me suis laissée porter durant deux heures.

On ne peut pas dire par exemple que c’est un film où il se passe beaucoup d’action; la variété des lieux et des paysages est assez restreinte. Mais, je crois que c’est justement cette intimité, cette volonté de faire avec peu qui participe grandement à l’ambiance du film et donc, à sa réussite. Je rajouterai aussi que je l’ai vu dans une période où j’étais déçue du cinéma car ce dernier n’avait qu’un mot à la bouche: blockbuster, remake, prequel…et j’en passe. Alors oui, en ce sens, Take Shelter est un OVNI cinématographique.

Jeff Nichols a aussi une façon de filmer ses acteurs/personnages dans leur environnement qui n’est pas sans rappeler un certain Terrence Malick (qui est apparemment l’idole du réalisateur). Encore plus, vu le contexte avec un homme en proie à des visions apocalyptiques. Il y a vraiment quelque chose de métaphysique dans sa façon de filmer la nature. Nature qui semble reprendre ses droits en revendiquant sa suprématie. Et, l’Homme va semble t-il devoir abdiquer.

Comme le personnage de Michael Shannon par exemple. J’avais aperçu l’acteur vite fait dans Man of Steel. Ici, nous le retrouvons dans un registre totalement différent, un registre taillé pour lui. Est-ce son physique peu commun loin des stéréotypes et standards hollywoodiens qui me fait dire ça? Oui mais pas seulement car avant tout, l’acteur est excellent oui vraiment.

Tout au long du film, son personnage joue beaucoup sur l’ambiguïté. Est-il fou ou est-il l’instrument d’une force supérieure? Le mystique et le religieux subtilement présents (ou pas selon les points de vue), le spectateur ne peut s’empêcher de voir dans les événements, un signe divin quant bien même la question de l’équilibre psychologique de Curtis se poserait.

Curtis aussi a des doutes sur lui-même mais, dans tous les cas il veut protéger sa famille: sa femme, Samantha ( divine Jessica Chastain) et leur fille, Hannah ( sensationnelle). Les femmes de sa vie non plus ne savent quoi penser de lui mais quoiqu’il arrive, on se soutient. La famille tient d’ailleurs une place prépondérante dans ce film. Ce qu’elle implique, ce qu’on est prêt à sacrifier pour elle et ce qui nous lie tous ensemble. Cependant, si elle peut être une source de sécurité et d’amour elle peut aussi être source d’incompréhension et peut-être même, de danger.

Vous l’aurez peut-être remarqué, je n’ai pas mis de photos dans cet article car je voudrai vous permettre de voir chaque minute du film sans interprétation ni préjugé. Je vous conseille ( en plus de regarder ce film au plus vite) également de ne pas regarder les avis des uns et des autres sur le net concernant la fin. Cette dernière vous appartient; fiez-vous à votre instinct. Au pire des cas, si vous ne savez pas quoi y penser, il y a les bonus pour vous aider!