Deuxième film du surdoué Jeff Nichols (33 ans au moment du tournage), Take Shelter est un conte sur la folie. Celle d'un homme qui croit voir la fin du monde arriver, au départ par des gouttes de pluie qui ressemblent à de l'huile, puis à l'apparition d'un gigantesque typhon, et surtout par ses cauchemars où on s'en prend à lui et à sa famille. Il est difficile de savoir si ce type, remarquablement joué par Michael Shannon, est fou ou tout simplement extra-lucide.


Mais ce comportement va sembler de plus en plus bizarre aux yeux de sa femme, Jessica Chastain, qui doit gérer quant à elle la condition de sa fille, qui est sourde-muette. Cette folie va prendre le pas sur sa vie, sur son travail, jusqu'à emprunter illégalement (il travaille dans le bâtiment) un camion pour créer un bunker au cas où l'Apocalypse surviendrait...


Sorti à peu près en même temps que Melancholia, qui parlait également de l'Apocalypse, Take Shelter est quant à lui plus opaque sur cet homme, dont on voit qu'il a un antécédent familial en termes de folie, mais dont ses rêves le hantent, jusqu'à un cauchemar où, pris de panique, il se rend compte qu'il s'est fait dessus !
Le thème de l'enfermement est très présent dans le film : d'une part dans la folie de cet homme que personne ne veut croire, puis dans cette de cette enfant, de par sa condition, et enfin de la femme qui, coûte que coûte, restera avec lui, qu'elle le croit ou non. Les scènes en intérieur sont souvent l'occasion de scènes à la limite de l'angoissant ; à un moment donné, cet homme va faire une crise d'angoisse en dormant, sous les yeux effrayés de sa femme, crachant du sang, et on a vraiment l'impression qu'il va faire un infarctus sous nos yeux. Bien qu'il soit souvent spécialisé malgré lui dans les rôles étranges, ce Michael Shannon est vraiment un excellent acteur, dont on suivra le cheminement jusqu'au bout...


C'est un film qui parle aussi de son époque, celle de la crise économique, où des gens doivent manger à une soupe populaire, où le licenciement se fait en deux temps trois mouvements, et il n'est pas interdit de voir dans Take Shelter une métaphore de cette époque trouble.
Cela dit, ça reste formidable, d'une grande justesse, superbement filmé, car la menace se fait plus suggestive qu'autre chose, mais qui montre bien en quoi la folie peut être dangereuse pour soi et ses proches.

Boubakar
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le 13 nov. 2015

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Boubakar

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