Impossible de me souvenir de ce qui m'a fait enregistrer ce film... ce sont les sujets que j'évite, normalement. Parce qu'ils sont soit niais soit déprimants, suivant qu'ils sont traités à Hollywood ou à Paris. Mais ça s'est avéré plutôt une bonne idée, toute incongrue qu'elle était pour une pétroleuse de mon espèce. Parce que la photo est jolie, déjà. La canicule à Toronto se pare de belles couleurs chaudes, ça tombe bien, on n'a pas vu le soleil depuis 6 semaines au moins. Et puis aussi parce que ça traite de sujets plutôt profonds d'une manière plutôt légère; comme si l'élégant et pudique Jean d'Ormesson donnait une interview sur le manque de moyens en gérontologie en France. Au centre des préoccupations de ces trentenaires oisifs et déjà à moitié morts intérieurement, le couple. Ou l'amour. Voire les deux, puisqu'ils s'intéressent finalement assez peu à leurs activités professionnelles, qui sont vues comme tout à fait secondaire, et ça, c'est rafraîchissant après les quinquennats qu'on vient de se frapper. Le postulat invisible de base est là : quand on a tout, est-on pour autant heureux ? Donc, l'amour, le couple et le bonheur, la trilogie gagnante des 3/4 des productions culturelles mondiales. Difficile de trouver un angle d'attaque novateur en la matière, donc, et, malgré tout, ce film réserve quelques surprises assez bienvenues. La première, c'est l'analyse de la niaiserie dans les relations amoureuses entre adultes; quand on bêtifie, comme avec un bébé, avec son partenaire. Comme c'est assez peu sexy, c'est assez peu représenté au cinéma. Ici, le petit couple initial se livre à des joutes régressives rassurantes et fonde sa relation de confiance sur ces petits moments ridicules partagés. Dans le même temps, le sexe est exclu de la représentation que la réalisatrice fait d'eux. Elle évacue leur nudité pour se concentrer sur celle de femmes banales qui prennent leur douche et se lavent dans les vestiaires de la piscine en parlant d'amour. Étonnant, et bien vu ! Comme aux trois sujets déjà cité vient s'ajouter ensuite le désir, dans la dernière partie du film - dont je ne peut pas trop parler sans gâcher la fin pour ceux qui ne l'ont pas encore vu - la nudité et le sexe font leur retour en force in extremis. Mais pas suffisamment in extremis pour ne pas se faire piquer la vedette sur la ligne d'arrivée par une réflexion qu'une des nanas nues de la scène des douche avait lâchée, comme ça, au passage, apparemment innocemment. En fait, tout le film tient dans cette phrase en forme de dicton, et c'est assez malin. En résumé, oui, c'est une bluette, mais si, ça vaut la peine de lui donner une chance parce que c'est également un "coming of age movie", en bon français...