C’est avec une curiosité non dissimulée que l’on découvre à Cannes le nouveau film de Matteo Garrone. Pas parce qu’on le retrouve en compétition, le réalisateur italien étant même devenu un habitué des Grands Prix, mais pour le genre de son nouveau film, une série de contes gotico-horrifiques de la Renaissance bien loin de ses précédents films très réalistes sur la société italienne de notre époque.
Adapté des contes de Giambattista Basile, Tale of Tales s’intéresse à trois d’entre eux, entremêlés dans la narration. Chacun mettent en scène des couples qui ne peuvent s’unir : deux jumeaux fusionnels, l’un est prince, l’autre paysan ; une princesse mariée de force avec un ogre et une vieille peau qui a tapé dans l’œil du Roi. Le beau et le laid, le riche et le pauvre, des êtres qui ne peuvent s’unir, leur union menant à la catastrophe. Quel parallèle Garrone fait-il en représentant cette impossibilité de s’unir ? On peine à trouver un sens à ce projet ambitieux du cinéaste.
Tale of Tales représente un défi avant tout formel. Monstre marin, ogre et puce géante sont au menu dans une époque proche de la Renaissance. Garrone a tellement voulu voir les choses en grand qu’il a rendu le tout un peu indigeste. Heureusement il a une fois de plus pu compter sur la très belle partition d’Alexandre Desplat qui, plus que les décors grandiloquents, nous fait entrer dans ce monde fantastique. Il est malheureusement difficile d’être complètement transporté dans ce pudding de costumes extravagants et de décors clinquants.
Les premières images présentées de Tale of Tales laissaient présager un film d’une grande élégance. Le trop-plein a malheureusement plombé ce projet intéressant et Garrone fut déserté du palmarès.