Avec Tale of tales, Matteo Garrone parvient à traduire à l'écran l'essence même des contes. Très très loin d'un produit comme Maléfique, qui cherchait au contraire à édulcorer le monde imaginaire pour le servir au plus grand nombre, ce film ne cherche jamais à éviter la cruauté et la noirceur du matériau d'origine. Et c'est justement ce qui rend ces trois histoires si fortes !
Car tout est question d'équilibre, comme semble nous le rappeler le funambule de la dernière scène : si tout peut sembler disproportionné au départ (les décors semblent réels mais sont tellement imposants que les personnages ont l'air de s'y perdre, les costumes éclaboussent la rétine…), force est d'admettre que cette démesure donne une dimension onirique et un caractère épique qui convient à merveille à l'univers des rois déchus, des princesses maudites, et autres ogres sanguinaires…
A vous de décider si le grotesque l'emporte sur la beauté, si le gore surpasse la délicatesse ou si la bassesse des uns fait oublier la noblesse des autres… Une chose est sûre : Tale of Tales, en exacerbant les contrastes, dégage une beauté assez troublante que j'aimerais plus souvent retrouver dans le cinéma fantastique.