I need you to say the things I can't say, and you need me to do the things you can't do.
Presque inconnue en France, l'histoire de Petey Greene a marqué les USA et en particulier la communauté noire, fortement touchée par son décès, le rassemblement pour ses funérailles restant à ce jour le plus grand rassemblement non politique de l'Histoire de la ville de Washington D.C.
La production d'un biopic de cette figure de la population noire aux USA semblait dès lors inévitable. C'est donc fait. Ne connaissant pas plus le bonhomme que ça, je ne serais pas capable de juger de la fidélité du propos.
Au niveau des acteurs, le duo principal est très impliqué. Don Cheadle en Petey Greene, qui nous sort son accent le plus exagéré possible, propose une prestation tout à fait honnête. Chiwetel Ejiofor qui partage la tête d'affiche avec lui est plus sobre, mais tout aussi efficace. Taraji P. Henson enfin s'en donne à cœur joie. Même si elle peut sembler tomber dans la caricature de temps en temps, on sent qu'elle prend plaisir dans son rôle et c'est communicatif.
Au-delà de la performance des acteurs, le propos du film est intéressant. C'est en quelque sorte le face à face entre deux philosophies de l'époque. On a d'un côté Cheadle qui représente cette idée que les Noirs doivent faire le bien pour les Noirs. Il ne cherche pas le conflit avec la majorité blanche, mais estime ne pas avoir à leur rendre de compte. Son passage au Tonight Show est en ce sens représentatif: il le dit sans détour, ses "frères" n'ont pour la plupart pas la télévision, et il n'est pas là pour faire rire de riches Blancs. Son ami, joué par Ejiofor, représente lui un autre courant. Il estime que sa couleur ne devrait pas l'empêcher de réussir dans le métier, et c'est par un travail acharné qu'il prouve sa valeur et parvient à une carrière qui n'a rien à envier à celle des Blancs de l'époque. Le travail autour de leur complicité puis leur opposition est d'ailleurs bien formulé.
Si la réalisation est parfois un peu caricaturale avec des scènes vues et revues (je pense notamment au défi au billard, mais pas que), on ne boude pas non plus notre plaisir. Il est intéressant de nous introduire à cette figure de la communauté noire, lui qui avait été un des premiers à appeler au calme à la mort de Martin Luther King malgré sa propre colère. Le film avait été mis en avant pour sa musique à juste titre. L'ambiance est branchée le R'n'B des Sixities, avec The Supremes et tout ce qui va avec. Toutefois attention, car on a beau être dans une radio, ce n'est absolument pas le propos principal du film.
Un solide divertissement donc, certainement instructif même s'il ne fera probablement pas date dans l'Histoire du cinéma.