Bitch, you know I don't do downers, bitch. You know I'm an upper ho.

Proposé par un ami qui l'a trouvé dans les "Certified Fresh" de Rotten Tomatoes, voici un film intéressant et original.


Le scénario est simpl(ist)e : une fille sort de prison après un court séjour pour une raison inconnue, et apprend via une copine que pendant ce temps son mec l'a trompée avec une autre. Elles cherchent à retrouver le mec pour lui faire rendre des comptes.


Deux grandes originalités se présentent:
La première, est que les deux héroïnes sont transgenres, autant dans le film que dans la vraie vie. Sin-Dee Rella (Kitana Kiki Rodriguez) et Mya Taylor (Alexandra), environ 24-25 ans, ont été repérées par le réalisateur Sean S. Baker, qui n'en est d'ailleurs qu'à son 5ème film.

Les actrices ne sont pas professionnelles, et ça se ressent souvent, souvent pour la première. Elle surjoue clairement, on se demande même si parfois ce ne serait pas son vrai tempérament qui est exacerbé. Au début c'est assez crispant, mais par après on se laisse plonger dans ce théâtre un peu bruyant, ponctué de "bitch" à toutes les phrases.


La seconde originalité, est que le film a entièrement été tourné avec des iPhone 5s. L'image bouge beaucoup, parfois tellement, qu'on a l'impression d'un film "footage", où le.a camera.wo.man a un rôle dans le film. Mais il n'en est rien, et on suit avec nervosité la balade nerveuse de Sin-Dee accompagnée d'Alexandra pour retrouver son mec, qui au passage est aussi son maquereau.


Le film est présenté comme un "run-and-seek movie", sorte de mélange entre Irréversible, le côté trash en moins (quoique..) et Kids, pour le côté acteurs débutants, "city-movie" et histoires croisées - en effet, parallèlement à nos deux héroïnes, on a l'histoire d'un chauffeur de taxi arménien qui est dirons-nous plutôt favorables aux prostituées transgenres...


J'ai beaucoup aimé les couleurs. Tout dans un ton un peu jaune, très chaleureux. Le film se passe pourtant le jour du réveillon de Noël (et en vrai aussi, il a été tourné à Noël 2013), visiblement une année à la météo clémente à Los Angeles.


La réalisation est bien fignolée, et évite les problèmes inhérents à ce genre de films à micro-budget, dans lesquels il arrive que le montage final soit quelque peu confus.


Récompensé par de multiples prix, on a ici un film "cru", à l'ancienne, qui présente la modernité du transgenre au travers d'une histoire certes un peu pathétique mais émouvante, et pas grand-guignolesque ni putassière.


Une réussite!

Zebix
8
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le 7 avr. 2016

Critique lue 212 fois

Ze Bix

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