Tant qu'il y aura des hommes par Christine Deschamps

Si on ne garde pas à l'esprit que les gens qui étaient encore jeunes en 1953 étaient nés il y a quasiment un siècle, le titre de ce film mémorable sonne comme une menace... parce que les hommes qu'il décrit peuvent sembler parfaitement pathétiques au spectateur du XXIème siècle. Ou à la spectatrice qui peut légitimement s'épouvanter devant tant de combats de coqs, de roues de paon ou de noms d'oiseaux. Ces militaires-là sont conscients de la chance qu'ils ont d'avoir trouvé dans l'armée une structure qui les maintienne sur pieds, parce que, dès qu'ils sont en roue libre, ils ressemblent à une bande de clochards en train de se chicaner pour un vieux mégot. Si, quand le clairon sonne, ils retrouvent un semblant de lustre, le film consacre les 9 dixièmes de sa durée à en brosser un portrait en civil qui laisse un sentiment d'accablement. Les 70 ans qui nous séparent de ces pauvres gars bas du casque parviennent à peine à nous rassurer... ça n'est pas encore assez loin à mon goût. Les répliques sont caricaturales, les mâchoires serrées tiennent lieu de dialogues, et les coups pleuvent sous les rires gras d'assemblées horripilantes de bêtise. Bref, on ne se sent pas spécialement en bonne compagnie. Les types gentils finissent mal, les gars à principes trompent quand même leur monde, et le bombardement par l'aviation japonaise qui clôt l'histoire donne lieu à une réplique qui résonne lugubrement quand on tient compte des centaines de milliers de morts sous les bombes atomiques gratuites des États-Unis. Alors, je ne suis certainement pas objective, mais non, je ne rangerais pas ce film dans une liste des classiques à revoir, à moins qu'on ne bosse sur une thèse sur le culte de la violence outre-Atlantique.

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le 26 nov. 2023

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