Tarzan
6.9
Tarzan

Long-métrage d'animation de Chris Buck et Kevin Lima (1999)

Tarzan... Voilà un Disney que je n'avait pas revu depuis fort longtemps. Je profitais donc d'une journée moite pour m'affaler devant mon écran et remuer de trop enfouis souvenirs. Et histoire également de faire mûrir mon point de vue sur ce Disney qui était somme toute assez banal et peu étayé : "C'est cool".


Mais au-delà de ça, qu'en est-il de ce long-métrage ayant eu la lourde tâche de suppléer le chef d’œuvre Mulan ? Eh bien c'est dommage. Oui car le film est quasiment parfait mais quelques facilités scénaristiques sont bien visibles et empêchent de le déclarer sans faille à tous points de vue.


Voyons d'abord tout ce qui va bien. En gros 1) L'animation. Elle est splendide, Tarzan est sans conteste l'un des Disney les plus démonstratifs en termes d'animation du mouvement et que ce soit pour ces gorilles massifs ou Tarzan, l'homme qui se meut toujours de façon inconventionnelle, le rendu est parfait (et n'a pas pris une ride). Dans les paysages aussi le dessin est une perle. La jungle est superbement mise en images, luxuriante, pleine de couleurs vives puis subitement labyrinthique et inquiétante selon le point de vue/la situation.
Autre gros point du fort du film en 2) La relation de Tarzan avec les autres personnages importants. Sa relation pleine de tendresse avec Kala, la circonspection de la découverte de Jane qui peu à peu se mue en amour mais surtout ce perpétuel conflit avec Kerchak. On pourrait penser cette relation survolée, surtout que la propension de Kerchak à souffler bruyamment plutôt que parler empêche un vrai dialogue construit entre le père et son fils d'adoption. Mais quelques scènes très courtes, deux phrases ou même un regard suffisent à raviver la tension constante qui les oppose et crée un malaise instantané quand ils partagent le cadre.
En 3) La musique. Incontestablement une des partitions les plus mémorables des studios. Alors évidemment il y a les chansons dues à l'incommensurable talent de Phil Collins qui nous donne entre autres Deux mondes, une seule famille et Je veux savoir, classiques instantanés et qui d'ailleurs sont magnifiquement mises au service d'une introduction de personnages en miroir et de l'abreuvage de la soif de courage de Tarzan. Mais le reste de la partition est également splendide, oeuvre de Mark Mancina elle propose des thèmes doux, portés par de beaux vents et bois, en parfaite adéquation avec l'image.
Et enfin en 4) L'émotion. Tarzan est un dessin animé drôle et touchant, mélancolique puis excitant. Cet équilibre subtil est d'autant plus une prouesse quand la première image du film est un bateau en flammes. La situation initiale nous est proposée de manière très brutale. En 2 min de ffilm on a un bateau coulé avec probablement des dizaines de morts et un bébé bouffé tout cru. Et pourtant la scène de la découverte du nourrisson par Kala qui suit est chargée d'émotions qui font mouche avec une efficacité rare. Elle mêle tension, tristesse, humour et effroi sans le moindre accroc. Et il en va de même du reste du film avec une propension tout de même pour la nostalgie dans la première partie puis l'épique pour la seconde. Ce qui malheureusement m'amène aux quelques défauts du film.


1) Le rythme du film. C'est pas qu'on s'ennuie. On ne s'ennuie jamais devant Tarzan mais le fait est que la situation initiale est complexe à poser et il faut du temps pour le montrer : Recueillir le bébé puis le faire grandir, montrer les soucis qu'il rencontre à cause de sa différence etc... Le film le fait très bien mais comme cela prend du temps l'élément perturbateur (l'arrivée des humains) arrive très tard, à la moitié du film (qui ne dure que 80 min). Et quand cet élément arrive, il faut enchaîner les péripéties, ce qui donne deux moitiés de films avec des ambiances très tranchées. Une première partie très posée, mélancolique et une seconde très épique, plus brute de décoffrage dirons-nous qui à l'exception de la scène de rencontre avec Jane (après la poursuite avec les babouins) délaisse le summum d'émotion des 40 premières minutes et même si ça n'est pas mon cas, cela peut vous sortir du film plutôt aisément. Et le fait de devoir résoudre les situations problématiques en un temps réduit entraîne malheureusement 2) Des incohérences scénaristiques. Par exemple, le cri de Tarzan, qui est visiblement un message codé pour dire SOS à Tantor. Aussi comment expliquer qu'avec toutes ses escapades, Tarzan ne soit jamais retombé sur la maison-arbre de ses parents ? Alors qu'un seul bruit suspect et lointain suffise à faire lever le camp à Kerchak, comment expliquer qu'il ne fasse pas de même après que des humains se soient introduits dans leur aire de repos (Parce que si Clayton les retrouve, c'est qu'ils n'ont pas bougé non ?). Voilà quelques intriguérences qui à mes yeux ont un réel impact sur mon appréciation du film.


Mais en conclusion, Tarzan mérite amplement son statut de classique Disney. Il possède de nombreux points forts indéniables et même s'il me laisse (encore une fois c'est personnel) un souvenir moins impérissable que Mulan, Le Roi Lion ou même Atlantide, il est à voir ou à revoir.

Porc_Parfum
7
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le 29 août 2017

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Porc_Parfumé

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