Taxi Blues
6.6
Taxi Blues

Film de Pavel Lounguine (1990)

Premier film de Lounguine, Taxi Blues est presque nommé d’après l’évènement qui arrive en URSS en 1990 : les immeubles moscovites sont fiers d’afficher encore СССР en énorme, à la taille d’un pays pourtant réduit de beaucoup. Le réalisateur avait-il senti que ce ne serait pas la chute d’un mur ni une réconciliation, pour couper ses personnages ainsi du monde et même les uns entre les autres ?


Ses propositions sont assez binaires : être un homme ou artiste, être russe ou occidentaliste, voilà toute la dimension autorisée à une ville qui admet tout juste de vibrer aux notes d’un saxophone. Pas étonnant que le génie passe inaperçu. Découpant ses personnages dans les ombres et les joignant dans l’unique ambiguïté d’une amitié poison, il ne nous demande pas de chercher très loin, et on n’aura pas grand chose à y redire malgré l’impression que cela puisse servir d’excuse à l’insanité crasse habituelle en Soviétie.


Questionnant la nature individuelle dans une époque qui parle en ”blocs”, Lounguine décroche une entropie démente tout en se faisant le passeur des valeurs occidentales sous cape : Chlykov achètera d’occasion une Mercedes « rouge », couleur qui tente de démentir qu’il y a de l’espoir dans un changement de doctrine. Ce Taxi Driver slavisé est aussi historiquement signifiant que discret, allant jusqu’à cacher que le caméo de Hal Singer soit exceptionnel.


Quantième Art

EowynCwper
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le 15 oct. 2019

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Eowyn Cwper

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