Je vous propose cette chanson pour accompagner cette critique / analyse : https://youtu.be/Ee0HbusYpuk


Taxi Driver est un film réalisé par Martin Scorsese et écrit par Paul Schrader (Raging Bull et Rencontre du Troisième Type) sorti en 1976. Il met en vedette Robert de Niro dans le rôle principal et culte de Travis Bickle.


Là, je m'attaque à un très gros morceau, maintes fois cité comme l'un des plus grands films de tous les temps aussi bien par les critiques que par le public, conservé par le National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès américain pour son « importance culturelle, historique ou esthétique », alors, je vais tenter de faire honneur à ce film de la meilleure des façons !


Le film nous narre une tranche du quotidien de Travis Bickle, un jeune homme de 26 ans, venant du midwest et ancien marine (où il a servi à Saigon).


Une fois rentré au pays, il déménage à New-York et devient chauffeur de taxi, mais étant donné qu'il est insomniaque, il décide de bosser de nuit.


Travis Bickle goutte à la folie dans son coin, entre cinéma pornographique, rédaction de son journal et la contemplation d'une femme aux airs angéliques, les cheveux blonds et les yeux bleus (le fétichisme Aryen n'a pas de limite !).


Dés le début, ce qui saute aux yeux est à quel point le film est hypnotisant !


Cela est grandement dû à la réalisation de Scorcese, omnisciente qui permet d'autant mieux ne jamais quitter la tête de Travis renforçant l'immersion ainsi que les réflexions sûr celui-ci pour qu'il arrive enfin à trouver ce qui lui pose autant de problèmes et ne pas le voir accuser le monde !


Les plans de Taxi Driver sont majoritairement serrés avec des plans plus large pour briser la monotonie et offrir un portrait cauchemardesque du New-York des années 70 après la Guerre du Viêtnam, le jeu avec les couleurs (forte utilisation de contraste entre les ombres et les rouges) et la pluie permettent d'avoir une image plus léchée tout en démontrant la maîtrise du réalisateur et son équipe pour le plus grand plaisir de nos yeux.


Martin Scorsese explique que sa réalisation vient du sentiment que les films ont souvent l'effet de rêves et que cette sensation hypnotique opère comme une tentative d'envelopper le public dans un état d'incertitude entre le sommeil et l'éveil.


Le scénariste, Paul Schrader cite souvent le journal et la tentative d'assassinat d'Arthur Bremer pour développer Travis, saisir et dépeindre au mieux sa phase la plus destructrice, avec les Carnets du Sous-sol de Dostoïevski (dont je n'ai lu que Crime et Châtiment ...) par rapport aux monologues du narrateur qui influenceront ceux de Travis.


Schrader avec Taxi Driver a voulu prendre le héros européen existentiel en le mettant aux Etats-Unis afin de le rendre plus juvénile, ce qui se remarque directement dans son journal.


La vision du monde de Travis est étroite et centrée sur lui, durant le film, il est en pleine crise existentielle, mais ne montre pas assez de recul pour comprendre la source de ses problèmes, ces tourments se voient projeter sur son environnement qu'il considère comme proche d'une benne à ordures, où il exprime une grande violence envers tout ce qu'il considère comme l'origine de ses problèmes et du manque de sens de son existence ...


Une autre influence du film, est le film La Prisonnière du Désert de John Ford, en particulier le personnage de John Wayne, Ethan Edwards qui est comme Travis, concentré sur le fait de sauver des femmes et sont tous deux, des rebuts de la société.


Sans parler du fait que le film a une imagerie tirée des films de Westerns, avec Travis qui se comporte et s'habille comme un Cow-boy, sa voiture joue le rôle de son cheval et sa coupe durant le dernier acte du film est une crête mohawk, qui est en opposition avec la coupe de Sport.


Sa personnalité peut se définir par une citation de Betsy, qui dit que Travis est une contradiction ambulante, ce qui est vrai, car il se plaint de la crasse de New-York en fréquentant un cinéma miteux qui diffuse du porno et conduit dans des quartiers chargés en prostitués. Il parle de maintenir un régime en baignant son petit-déjeuner d'alcool en gobant des pilules.


Il se sent seul, de ce fait, il cherche à s'intégrer de toute manière possible comme le fait qu'il ait des affiches de Palantine, un sénateur qui souhaite devenir président soutenu par Betsy, la fille que Travis veut séduire.


En parlant de Betsy, comme je l'ai mentionné plus haut, elle nous est présenté de manière angélique, comme une fleur au milieu d'une décharge, Travis marque d'ailleurs dans son journal que la ville ne peut pas la toucher.


Malgré l'enthousiasme de Travis, le plan fera tout en sorte pour apporter de la distance en mettant entre Travis et Betsy : la vitrine de sa voiture, la porte, avec le fait que Betsy ne regarde même pas Travis qui lui est obnubilé par elle, il se contente de la regarder de loin comme s'il ne pourrait jamais faire parti de sa vie.


La deuxième femme du film, Iris est par contre tout sauf pure, elle est présenté alors qu'elle se rue dans le taxi de Travis en lui demandant de démarrer le plus vite possible pour se faire rattraper par sport.


Le rapport entre ces deux femmes ?


Un homme ! Ces deux femmes sont les pantins de figures sociales ou politiques, cette perception vient de la façon dont Betsy l'a rejeté qui jouera un grand rôle dans la suite du film, car son égocentrisme n'en fera que grandir, prenant Palantine et Sport comme des représentations de sa frustration, frustration qu'il exprima à ce même Palantine de manière ironique.


Les introductions de Palantine et Sport, pointeront du doigt deux types de force : la force du charisme de Palantine, qui est sublimé par Scorsese qui décide de le montrer très clairement en position de force, avec son garde recroquevillé sur son siège en le fixant tandis que Sport lui, utilise la force physique et est montré par Scorsese de manière à ne voir que sa taille et ses mains.


Avec cela en tête, Travis verra en ces deux hommes dans son monde westernisé, des ennemis à battre pour donner un sens à sa vie.


Scorsese a beau avoir déclaré que Taxi Driver était un film féministe parlant du complexe de la Madone et de la put***, un complexe de Freud qui touche certains hommes qui ne pourrait voir les femmes que comme des madones ou des prostitués, je préfère y voir une exploration de la masculinité et de la solitude.


Au final, Travis passe pour un héros malgré sa tentative d'assassinat en réussissant son objectif : se faire accepter par Betsy dont il refusera les avances pour tracer son chemin.


" Je me rends compte maintenant à quel point elle est pareille aux autres : froide et distante. Y’a beaucoup d’gens comme ça, les femmes surtout, on dirait un syndicat. "


Si je dois aborder les acteurs de ce film, il faut impérativement aborder Robert de Niro, livrant une performance extrêmement convaincante et légère d'un personnage qui pourrait très vite être joué de manière plus déjanté !


En ce qui concerne la musique, la BO est composée par Bernard Herrmann qui est notamment connu pour ses collaborations avec Orson Welles et Alfred Hitchcock sur Citizen Kane, Psychose et Sueurs Froides qui accompagne magnifiquement la crise existentielle de Travis.


Pour finir, comme pour Il était une fois en Amérique (sur lequel j'ai écrit une critique que vous pouvez lire, si vous le voulez), je n'apporte pas grand chose aux éloges faites au film, mais j'ai essayé d'être le plus informatif et divertissant possible afin de vous partager mon analyse ainsi que ce que je sais sur ce film.


Merci de m'avoir lu et bon visionnage si cette critique écrite par un jeune homme qui avait du mal à dormir, vous a donné envie de voir ce film !

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le 30 mars 2019

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Albator_Larson

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