On reste sur notre faim...
Cité par beaucoup comme étant l’un des meilleurs films de tous les temps, Taxi Driver fut ainsi le premier grand succès critique de l’incontournable Martin Scorcese ; sur un scénario de Paul Schrader, ce long-métrage nous conte l’errance de Travis Bickle, ancien marine devenu chauffeur de taxi dans le New-York crasseux des années 70.
Naturellement, j’attendais beaucoup de la part de ce chef d’œuvre intemporel, aussi la déception n’en fut que plus vive : non pas que celui-ci soit surestimé ou même mauvais, mais on tient là un drame psychologique (la qualification est des plus adapté) hautement particulier, et ayant pour le coup mal vieilli.
Il convient cependant de lui reconnaitre de sacrées qualités, à commencer par une ambiance intimiste sombre comme pas deux, dressant un portrait pessimiste de la société d’époque (NY étant notamment gangrenée par le crime) ; un sentiment de malaise prédomine également, tant il gagne peu à peu en puissance au gré de la descente aux enfers de Travis, un anti-héros marqué par la guerre du Vietnam.
C’est donc à travers le regard torturé de ce dernier que l’intrigue, pour le coup désincarnée, s’attache à nous immerger au sein d’une atmosphère atypique, entre zeste de romance désespérée, mise en scène réaliste et grands airs de polar noir ; le tout, sous couvert d’une excellente BO alternant sonorités jazzy et partitions plus inquiétantes.
Il y a aussi une prestation impressionnante de Robert De Niro, de quoi compenser le comportement parfois inexplicable de Travis Bickle, à l’image d’un scénario pauvre en réelles péripéties ; la première partie du long-métrage est d’ailleurs molle, pas pour autant ennuyeuse car intéressante, et laisse finalement la place à une seconde s’annonçant plus mouvementée.
Toutefois si Taxi Driver fait mine de gagner en rythme, le dénouement tient plus du pétard mouillé dans la mesure où l’on s’attendait à mieux ; c’est d’autant plus vrai que la trame accordée au personnage de Iris relançait à elle seule l’intérêt du long-métrage, et il était alors à espérer que le final soit aussi renversant que promis.
Au bout du compte il y a quoi être satisfait de la mise en scène viscérale de Scorcese, parfaite mise en valeur d’une séquence pour le moins brutale, mais celle-ci n’est pas aussi somptueuse que je l’avais supposé, tandis qu’il s’en suit un épilogue pour le moins étonnant : celui-ci soulève d’ultimes interrogations quant au message du long-métrage, et de la violence lui étant intimement liée… à chacun son avis sur la question.
Pour le reste, le chef d’œuvre annoncé à clairement pris un coup de vieux, et risque d’en surprendre plus d’un, fort de son ambiance et personnage principal si dérangeants ; néanmoins l’illustre interprétation de Robert De Niro, et la réalisation intimiste parfaite de Scorcese, sont autant d’éléments justifiants à eux seuls le visionnage de cette œuvre ô combien unique.