L'âme égarée de Travis

Il est enrichissant de lire et d'écouter ( la conférence de Jean Baptiste Thoret => https://www.youtube.com/watch?v=VMfUAjaSVE4 ) la floraison d'un concept scénario jusqu'à son aboutissement  ; Soyez curieux par vous même ! Un projet personnel de Paul Schrader qui va devenir au fur à mesure un projet commun de deux hommes. Il est évident qu'on retrouve les manies de Monsieur Scorsese car sa réalisation est présente mais pas seulement. La venue de ce Travis Bickle perturbateur dans ce milieu urbain poisseux est à mon sens en adéquation avec des portraits qu'on a pu présenter dans les autres réalisations précédentes : vagabondage dans la ville ; veut s'intégrer socialement dans la société ; maladresse/grossièreté/violence ; la femme objet inaccessible etc Pourtant ce personnage déroute à la règle car il est question du placement difficile du héros au sein de la narration & du déroulement de son histoire. En effet celui-ci peut avoir des pensées précises ( dont un regard raciste sur son environnement et son mal-être ) mais il est difficile de savoir l’aboutissement de ses actions & son objectif final. C'est sans doute pour cela que la fin peut surprendre ( rédemption ou non ? ). Cet homme avec des pensées dépressives & naïves ( le retour des combattants à la fin de la Guerre du Vietnam ) dérange car il occupe intégralement l'écran mais malgré tout je me laisse attiser l’œil par la photographie brumeux & néon de Michael Chapman, la mise en scène avec les mouvements & son cadrage, la musique envoûtante de la dernière composition de Bernard Herrmann. Taxi Driver est un incontournable dans la carrière du réalisateur & pour son prochain acteur fétiche ( reçoit la Palme D'or à Cannes en 76 ) même si j'ai ce sentiment désagréable d'avoir une narration qui piétine du pied comme son personnage.