La peluche qui a bouleversé l’Amérique

Ted, la peluche ayant fait fureur au pays de l’oncle Sam, débarque enfin chez nous. Précédé d’une excellente réputation et d’un score au box-office très flatteur, pour un budget de 50 millions de dollars, il en a rapporté 216 et si on compte l’international, on peut aller jusqu’à 394 tout cumulé en ce jeudi 13 septembre. Mais est-ce vraiment mérité ?

L’histoire de John Bennett commence comme un conte enfantin mais ne nous y trompons pas, l’humour du film est loin de convenir aux chérubins. On y retrouve la même marchandise trompeuse que chez Les Griffin (la série culte du réalisateur Seth MacFarlane), sous l’apparence d’un innocent dessin animé se cache un satyre parfois violent derrière un franc parlé plutôt rafraichissant.

Toutefois, là où on pouvait s’attendre à une comédie puérile et éculée tentée de reproduire la formule gagnante de Qui veut la peau de Roger Rabbit ou Les Muppets, Ted offre suffisamment pour réussir à modeler son propre univers surtout grâce à la personnalité de sa peluche star. Comme pour Roger Rabbit et les Muppets, la partie où la découverte surprise des deux univers opposés cohabitant ensemble est ellipsée (le mélange personnages cartoons/peluches et humains est considéré comme normal). Dans Ted, elle est l’affaire de quelques minutes et on saute via le générique toute la partie starification de Ted à tel point que le monde finit par s’en foutre (pointant très justement la capacité d’adaptation phénoménale du genre humain très vite désabusé). On notera dans ce générique une utilisation judicieuse de la voix off faisant de Ted un conte adulte avec un humour omniprésent notamment via des blagues tout simplement géniales du type : « Rien n’est plus puissant que la puissance du vœu d’un enfant… Excepté un hélicoptère Apache. » ou alors la comptine Potes du tonnerre pour la vie.

On se retrouve donc avec Ted et son meilleur ami John (Mark Wahlberg) alors âgé de 35 ans et doté d’une énorme baraka vu que sa petite amie se prénomme Mila Kunis. Le film dérive alors vers une autre sorte d’humour beaucoup moins infantile cette fois-ci mais à ma grande surprise, très peu vulgaire. Je ne connaissais pas bien le travail de Seth MacFarlane et son équipe mais de ce que j’ai vu de leur humour m’a donné envie de visionner leurs séries. Certes, on pète, on rote, on fait un peu de scato mais on est bien loin de certaines catastrophes qui vont beaucoup trop loin car l’utilisation de ces « vulgarités » est utilisée avec parcimonie du fait qu’on n’est jamais submergé par le flot d’insanités et le pire, c’est que souvent c’est très drôle. Rien que voir la tronche des deux acteurs principaux en train de ramasser un étron laissé par une amie de Ted est à mourir de rire. Je dis bravo pour l’humour qui m’a permis de bien rigoler et surtout la fin est tout simplement génialissime se permettant de remettre à sa place Superman Returns et finit sur une image culte, le temps pour la voix off de nous laisser sur une dernière blague. On se retrouve devant un écran noir avec un grand rire qui résonne encore.

Malgré tout, l’humour n’est pas seulement le seul attrait de Ted même s’il en est le composant essentiel. On trouve aussi de la romance plutôt bien calibré faisant intervenir un acteur que j’adore de la sitcom culte Community : Joel McHale, ce mec a vraiment un énorme talent pour jouer les salauds et Seth MacFarlane l’utilise à merveille, mais aussi Norah Jones. Les règles de la comédie romantique sont aussi légèrement détournées pour un concert du plus bel effet.

Toutefois, c’est la partie thriller qui m’a foutu les jetons surtout sur un plan hallucinant avec Ted au téléphone où Giovanni Ribisi semble être tout droit sorti d’un thriller qui fout les jetons. Cet acteur est vraiment génial. Il est capable de ridiculiser son personnage sans en perdre sa saveur terrifiante. Tout simplement un des psychopathes les plus terrifiants que j’ai jamais vu dans une comédie et que dire de son fils… Brrr, j’en frissonne encore. Surtout en repensant à une scène très violente (ne vous inquiétez pas, il n’y a pas de sang mais c’est tout comme).

La peluche Ted, sans aucun doute, la star du show bénéficie de la voix de Seth MacFarlane en VO mais celle de JoeyStarr en VF (je ne peux pas juger de la qualité mais vous savez ce qu’on dit) et d’une animation de qualité permettant de lui donner vie malgré une transition vraie peluche/modèle 3D moyenne (la différente de texture est trop visible). Il multiplie les blagues assez limites mais demeure aussi très attachant grâce à l’amour sans borne qu’il porte à son meilleur ami. S’il fonctionne aussi bien, c’est grâce à un grand Mark Wahlberg pourtant on l’avait connu peu à l’aise avec la comédie (on se rappelle de Crazy Night où il semblait gêné). Dans Ted, il est probablement à son sommet niveau comédie. Très drôle et se laissant aller pour une fois, il affiche un visage qu’on ne lui connaissait pas et probablement le plus proche de la réalité. Un gros high five pour l’acteur.

A ses côtés, Mila Kunis fait toujours autant de miracles grâce à son minois qu’elle a d’ailleurs très joli. Inutile de parler de son talent comique, elle l’a toujours eu et l’aura toujours. Remarquons juste qu’il ne s’agit pas de son premier travail avec le réalisateur étant donné qu’elle donne la voix à Meg Griffin depuis 1999. On notera aussi une guest-star assez énorme mais je vous laisse la surprise de la découvrir.
Marvelll
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le 13 sept. 2012

Modifiée

le 13 sept. 2012

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