L'Amérique qui se fout de tout, même de son public

Et voici la grosse comédie américaine de l'été. Trois ans après sa première apparition, l'ours en peluche vivant Ted, est de retour pour nous faire rire. Dans cette nouvelle aventure, il se lance dans une bataille juridique, avec John et Sam, son avocate, pour acquérir le statut d'être humain. Malheureusement, la sauce ne prend pas aussi bien que la première fois.


Le ton est donné, dès le début du film, avec la voix off qui annonce "America doesn't give a shit about anything". Traduisez "L'Amérique se fout de tout". C'est un peu l'esprit satirique dans lequel Seth MacFarlane, le scénariste-producteur-réalisateur-acteur, veut faire baigner son film : l'insolence et le politiquement incorrect. Se moquer de tout sans aucune limite. Mais ce nouvel épisode semble se moquer aussi de son public. Au lieu de prendre des risques, MacFarlane se contente de vannes vulgaires, souvent en dessous de la ceinture. Ainsi, les piques qu'il lance aux humoristes de l'Improv Comedy qui n'osent pas aborder les sujets brûlants comme la mort de Robin Williams, le crash de Germanwings ou la tuerie de Charlie Hebdo, se retournent contre lui.


Trop paresseux pour faire une suite satisfaisante, Seth MacFarlane, qui donne sa voix à Ted dans la version originale, s'enferme dans des blagues graveleuses et multiplie les clins d'oeil. C'en est presque lassant. On le surprendra même quelquefois à vouloir se prendre au sérieux avec son message sur les "différences" et son parallèle bancal entre la lutte de Ted pour son statut d'être humain et le combat contre l'esclavage. Plutôt gênant. Choquer pour choquer, sans parvenir à être toujours drôle, voilà qui résume assez bien le leitmotiv caché de "Ted 2".


Mais, pour être tout à fait honnête, il faut bien admettre que le film contient quelques bons gags, comme la bagarre générale lors de la Comic-Con, mais surtout une floppée de guests (invités) qui parviennent, eux, à faire rire dans des situations auto-parodiques. C'est le cas par exemple de l'excellente scène avec Liam Neeson mais aussi des apparitions de Morgan Freeman, de Dennis Haysbert ou même celle du quarterback Tom Brady. Giovanni Ribisi est également toujours aussi bizarrement drôle, dans le rôle du méchant Donny.


Loin d'être subtil, mais il fallait s'y attendre, "Ted 2" a un autre défaut majeur : comme son générique interminable, il est bien trop long pour une comédie. Pour les amateurs du côté déjanté du premier film, la série américaine "Wilfred" sera sans doute bien plus fun. Sans surprise donc, "Ted 2" est une suite facile, qui surfe sur la vague de l'énorme carton du premier film, mais qui aura certainement beaucoup de mal a égaler les 550 millions de dollars de recettes mondiales de son prédécesseur. Il faut avoir 14 ans et aimer l'humour au centième degré pour espérer rire ... un peu.
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le 16 août 2015

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