Aujourd'hui, j'ai découvert que mon vagin avait des dents. Pour mon copain, VDM, lol.

Teeth, c'est le film tu lis le résumé et tu te dis "Mon Dieu comment ils vont faire un film cohérent et crédible avec une idée pareille ?!".

Le scénario m'intriguait ; j'aime les histoires tordues et ambitieuses. Je suis entrée dans la salle en me disant que j'allais assister à une série B – au mieux, à une bonne série B. Mais je voyais mal comment construire un bon film premier degré sur une base pareille.

Et en fait ça marche ! Le générique de début, déjà, est très bien foutu. C'est simple mais bien trouvé. La première image du film, si je me souviens bien, montre ces deux réacteurs nucléaires, que l'on reverra de nombreuses fois au cours de l'histoire (redondances qui ont pu paraître trop lourdes à certains ; moi ça ne m'a pas dérangée). Puis on découvre la petite vie bien rangée de Dawn, son implication dans son club de chasteté, ce prosélytisme si irritant propre aux gens persuadés de détenir la Vérité. Puis Dawn change : lorsqu'elle commence à soupçonner son corps d'être différent, toutes ses certitudes tombent une à une.

Teeth nous donne à voir cette Amérique conservatrice, sa jeunesse lobotomisée tellement sûre que ce qui est écrit dans la Bible est incontestable. Et souligne bien l'anachronisme de cette éducation et de ce mode de pensée en ce début de millénaire, dans un pays qui a enfanté Britney Spears et la télé-réalité (la scène de l'autocollant dans le livre de cours est édifiante). Le film est rempli de symboles, plus ou moins subtiles, de clins d'œil. C'est une sorte de récit initiatique, ponctué de scènes complètement burlesques (ah ben on pouvait pas y échapper avec un pitch pareil !). Pour autant, le réalisateur maîtrise totalement son sujet, et arrive à nous faire croire à l'histoire. Bien sûr qu'on sait comment ça va se passer le jour où elle se retrouve toute nue face à un garçon, mais c'est bien amené, via un mélange subtil d'auto-dérision et de réalisme. Et c'est pas le mélange le plus évident, me semble-t-il !

Je garde une très bonne impression de Teeth, pour son premier degré (fallait oser !), et pour les messages plus profonds que le scénariste a voulu faire passer, sur divers aspect de notre hypocrite société contemporaine. Je le recommande aux gens qui ont un bon esprit critique (on est au bon endroit) et qui arrivent à dépasser une histoire de prime abord délirante (mais assumée !).

J'ajoute que c'est le premier film que j'ai vu lors de mon tout premier Fantastic'Arts. Autant dire que j'en attendais beaucoup, et qu'il a en quelque sorte donné le ton : je n'ai pas été déçue.
Spark
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le 24 juin 2010

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Spark

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