Deux bébés voient leurs destins se croiser quand ils sortent de la maternité avec les mauvais parents. Une famille aisée et une autre bien plus modeste. Sur le papiers ça n'est pas sans faire penser à la comédie d'Etienne Chatillez, à l'écran c'est tout autre chose.
Beaucoup plus en douceur la touche Japonaise surf constamment sur l'ultra réalisme et n'appuie jamais les effets. Dans ces deux films le contraste des classes est amusant mais amené de façons différentes. Les personnages clownesques des familles Groseille et Le Quesnoy nourrissaient un humour burlesque très efficace. Ici la simple distinction des voitures ou des maisons est drôlement bien faite. Les rôles sont écrits avec une grande justesse, sans artifices et posent les bases d'une histoire complètement nourrie par ses personnages. Cela malgré quelques stéréotypes au départ. Les acteurs et leurs partitions tiennent un naturel réjouissant très rarement alourdi par du superflu dans le jeu. Sobriété et douceur sont les grandes forces de cette fable.
Un rythme proche de Lost In Translation. Perdu dans une ballade, surtout musicale chez Koreeda. Au delà de la spontanéité cette lenteur amène de l’esthétisme et de la quiétude. Au début cette délicatesse est pleine de bonheur. On s'installe avec aisance dans un foyer qui semble manquer de rien. Une famille qui respire la vie. Mais le virage de la complication est simple comme un coup de fil. Tel père, tel fils commence par construire un château dont les cartes sont soufflées peu à peu. Les rancœurs sont libérées, les maux dits. Ce papa qui semble d'abord plein d'amour finit par montrer d'avantage d'indifférence voir de cruauté. Dés le début du film pourtant le petit Keita et son histoire de cerf-volant annonçait le trompe l’œil. Ce passe temps familiale devient d'ailleurs le symbole d'un foyer modèle. La position de jugement s'inverse complètement. Par pure prétention de confort, Ryota crois bon de proposer d’accueillir les deux enfants chez lui. A partir de là la notion affective, qui doit faire partie du propos, entre dans le discours. Après la prise de conscience, Yudai (le père de la version japonaise des Groseille) retourne naturellement l'idée de subvenir à l'enfance des petits. Jolie démonstration que l'éducation va au-delà des moyens et du confort. Position qui manque peut-être un peu de mesure mais plus que louable.
Une histoire atypique un peu longue à se construire mais extrêmement touchante. Dans un Japon superbement dépeint on se laisse porter par le courant de la vie. En fin de compte la lenteur provoque une certaine longueur. Déjà long, le film devient interminable après la rencontre à la rivière. Le récit moins intéressant sur la fin il aurait été malin de terminer le film sur la photo de l'affiche et laisser en suspens les troubles de la situation.

Créée

le 26 déc. 2013

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Adam Kesher

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